Les Robins étaient tous les mêmes, calqués sur le même modèle et décliné à l’infini. En son temps, Todd avait pensé être unique, si différent de son prédécesseur, un pure produit de son expérience et le maître de son destin. Mais finalement, ils étaient tous si similaires ; dépossédé de l’ombre planante du chevalier noir leur premier réflexe était de chercher à retrouver leur seigneur jusqu’à se rendre sur les terres compromises de leur ennemi de toujours. Celui-là ne faisait pas exception.  

La silhouette du fidèle valet en-capé s’inscrivait dans le diamètre de la lunette de son fusil d’assaut et Red Hood suivait ses mouvements fluides depuis le toit du local technique qu’il avait investit. La nuit était tombé sur les lieux, et les derniers badauds continuant de s’amuser au sein des attractions et des stands commençaient à se diriger vers la sortie. Pour avoir préparé les lieux depuis plusieurs jours, Jason Todd savait qu'ils ne fermaient jamais et bien que les visiteurs ne soient plus présent, la fête foraine continuait de fonctionner.  

Sur les clichés que le mafieux avait réussi à récupérer à Gotham avant d’être transporté ici, il aurait vu le justicier apprenti un peu plus grand et peut-être un peu plus athlétique ; peut-être un défaut de pellicule. Il le voyait à sa démarche, ce Robin là semblait être un brutale. Sa stature gainée, la manière dont ses mains étaient prêtes à parer un coup ou à le donner en toute circonstance. Un paranoïaque.
Bon, bon, bon, où allait donc se nicher le petit rouge gorge ? En son temps, Todd aurait choisi la maison hanté, un incontournable, ou à défaut le palais des miroirs : consensuel mais un autre lieu signature du clown. En le voyant se diriger vers la première option, il se redressa en mettant le canon de son arme sur son épaule : Tous les mêmes, il l’avait dit. Red Hood sauta de son perchoir, ses bottes armaturé de métal claquant sur le bitume et il se déplaça le mouvement leste vers là où le petit avait disparu. Time to shine !

Il entra à la suite du jeune garçon en passant par une aération en hauteur, se déplaçant soudain à pas de loup. La discrétion n’était pas sa qualité la plus développé alors il mettait des extra-efforts à ne pas se faire remarquer. Ce serait dommage de rater le spectacle qu’il avait mit en place pour son nouvel invité. Surtout qu'il n'était pas un grand amateur de la mise en scène et du théâtre en général. En contre-bas, il observait le garçon.

Devant Robin s’ouvrait un long couloir. Les wagons dans lesquels les visiteurs étaient invités à prendre place était maintenant immobiles, enveloppés dans un noir opaque. La seule lumière était celle de la prochaine pièce, elle était blanche à s’en aveugler et des ombres passaient devant par intervalle régulier, Comme la bande noir d’une pellicule à vide projetée sur un écran. Il n’y avait pas de décoration excessive, de néons débiles ou de phrases peinturlurées sur les murs à la laque. Ca c’était le petit plaisir de nombre de ratés à Gotham qui aurait souhaité embrasser une carrière plus glorieuse que simple petit poseur d’énigme ou d’arlequin en manque d’amour. Non, Todd était simple, aussi simple qu’il était possible quand on portait un casque carmin et qu’on s’épanouissait à se dresser face à la ville sur des gargouilles, la silhouette se détachant sur la nuit sanglante à coup d’éclair. Bon, peut-être qu’il n’était pas simple, il pouvait le reconnaître. Mais c’était un plaisir sain et qui ne regardait que lui. Pas besoin de l'exposer au monde entier.

Au bout du corridor, la seconde salle était d’une blancheur immaculée grâce aux projecteurs qui étaient lancés à plein régime. Dans les vitrines qui encerclaient la pièce et qui abritaient d’ordinaire les automates de monstres grossiers, c’était 4 beaux Batman qui attendaient leurs grand moment pour casser la baraque. Chacun dans sa cage personnel, ils avaient la bonne stature, le bonne âge, et une tenue qui pouvait faire illusion si on n’y regardait pas de trop près. Leurs bouches étaient scellé par un adhésif et leurs yeux affolés étaient dissimulés sous leur masque et le maquillage noir qui les entouraient.

La voix mécanique de l’hôte sorti des différents hauts parleurs présents.

« Ils sont mignons n’est-ce pas ? Mais bien dans la merde ; c’est difficile de tout faire par soi-même, heureusement qu’ils sont épaulés. »  Alors qu’il parlait, une porte pneumatique s’ouvrait dans la première cage et un gringalet entra dans la vitrine, désorienté. Il était plus jeune, une vingtaine d’année au maximum et regardait à droite à gauche avec angoisse. Sur son nez reposait un masque domino, seul signe distinctif de sa tenue qui se résumait à un sweat éclaboussé de sang et un jean troué.  « Que le sauvetage commence. »

Jason appuya sur un bouton ce qui actionna le minuteur de la bombe qui se trouvait sous le siège du Batman et les 180 seconde commencèrent à s’écouler dans un bip bip cliché mais efficace. Depuis son perchoir, Red Hood bailla et posa la tête casqué dans le creux de sa main gantée en regardant lascivement.

C’est à peine après deux secondes, le temps de comprendre, que son Robin improvisé commença à hurler.

« Non, non ! Sors moi de là ! Sors moi de là putain ! ‘Culé ! Faites moi sortir. » Le garçon enfermé se jeta sur la vitrine en regardant le Robin officiel dont il était la contrefaçon. Il donna des coups de poings sur la surface en plexiglasse en hurlant. Pas un geste pour aider l’autre homme dans son entreprise. Pas très étonnant vu le profil du gars, c’était même assez évident.

« Woah, aucun esprit de loyauté, même pas envers ton boss. C’est… Je ne dirais pas décevant, mais médiocre. Bon... » Red Hood appuya sur le détonateur, court-circuitant le minuteur pour faire exploser la charge immédiatement. L’explosion resta de courte portée, déchirant le Batman, projetant le faux Robin contre le mur et faisant exploser le plexiglas dans un déluge de sang et de fumée. Au bruit de l'explosion se mêla un rire sardonique dans les oreilles du revenant, mais il n'y préta pas attention, restant ancré à cette réalité où il faisait son petit exposé à son remplaçant.

« Il le méritait » reprit la voix mécanique à l’intention du plus jeune. « Enfin… On reprend. » Une nouvelle porte s’ouvrit dans la deuxième cage. Même mécanique, alors qu’un homme plus jeune entrait à son tour dans une pièce où un des Batman était retenu prisonnier.