The Ghost By My Side - Loki Laufeyson et Thor Odinson.

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The Ghost By My Side

Thor hurla et ouvrit les yeux sur un sol terne de pavé, à quatre pattes au sol. Il abattit son poing devant lui et resta prostré un long moment, ses yeux faisant des allées et venues saccadés sur les impuretés de la chaussée que son esprit ne voyait pas. Ses paumes se refermaient spasmodiquement alors que sa conscience arrangeait ses sentiments soigneusement, pour les éloigner derrière des portes fragile que seule la quête de la vérité pourrait définitivement scellé. Quand le dieu finit de mettre la boule acide de l’angoisse derrière la porte correspondant au point d'interrogation "signification des visions", transformant ainsi une sensation froidement terrifiante -rependant une gelure viscérale dans son être- en une simple pièce de puzzle, alors il se redressa. Ses paumes frottaient chaudement ses poings encore noircis de ses derniers périples enflammés. Sa perte de contrôle et sa revivification dans ce lieu inconnu, pourtant que quelques secondes plus tôt il se trouvait dans des terres arides bien connu des neufs royaumes lui donnait à penser qu’une partie de sa mémoire avait peut-être était altérée. Par quelqu’un, quelque chose, qu’il ne laisserait pas longtemps inconnu.
Debout au milieu de l’allée grisâtre, le héros carmin se sentait étrangement intimidé. Pourtant les lieux ressemblaient aux cités que l’on pouvait trouver sur Midgard, inoffensive planète en temps normal. Cependant son esprit était encore échaudé, ses doigts tremblants s’égriser les uns sur les autres sans discontinuer pour vérifier que la sensation humide et poisseuse qu’il ressentait sur sa peau n’était que le pur fruit de son corps mystifié. Peut-être le gardien du Bifrost saurait l’aiguiller pour lui dire ce qui se tramait sur la petite terre. Mais les cris qu’il dédia à Heimdall ne lui furent pas retournés, aucune énergie ne vint frapper puissamment le sol dallé pour lui permettre de regagner les hauteurs d’Asgard qu’il avait depuis longtemps abandonnées.

Son marteau à la main, la hanse épaisse de cuir passée solidement autour de son poignet, le premier né d’Odin s’avança dans cette ruelle qui avait été le théâtre de sa sordide représentation illusoire. Sa cape était pendante derrière lui, désanimée et éteinte. Aucun signe de vent ne se faisait sentir entre les rues étriquées, comme si les lieux étaient maudits. Ses pas raisonnaient entre les pierres sombres, ses yeux observant les lieux déserts. Sur les murs se découpaient des graffitis décolorés de serpents arc-en-ciels enchevêtrés, leurs regards d’un blanc vide et réprobateur. Thor tourna à quelques embranchements dans le but de trouver une grande artère, mais vite à bout de patience, il fit tournoyer le métal élégants de Mjolnir pour s’élever au dessus des toits du quartier silencieux.
Il gratta le ciel sur le plus haut bâtiment des alentours, la colonne géante de pierre s’écroulant en biais sur elle même et tenant dans un équilibre précaire. Le visage du dieu était froissé, ses yeux perçants et soucieux sur le décor qui s’offrait à lui. Les racines avaient envahis le quartier et se glissaient entre les immeubles abandonnés comme une nuées reptiles se dispersant et se refermant autour de leurs proies. Il était impossible pour le dieu de la foudre de savoir où il se trouvait, quelle réalité était la plus véridique entre celle de ses visions et celle-ci. Son esprit crépitait de fébrilité, les éclairs de rappels de son rêve éveillé ravivant la brûlante morsure du deuil et de l’échec. Lourdeau sans l’aide de compagnons, Thor décida de se mettre en quête de réponse dans les rues détruites avant de s’aventurer plus loin dans la ville. L’arme légendaire fendait le ciel alors que son regard captait chaque détail en contre-bas. La ville était un amoncellement de question dans un amoncellement de ferraille. C’est un simple mouvement qui lui indiqua qu’un bâtiment miteux était habité. D’une impulsion instantané il donna un rappel brusque au marteau qui se stoppa et le laissa chuter vers les pavés. Devant le dieu, se trouvait la baraque qui avait attiré son attention. Elle avait l’apparence d’un bar antédiluvien, perdu au milieu des décombres elle était presque anachronique, comme le symbole de ce qu’avait été les lieux un jour fut-il.

Le prince perdu passa la porte, prêt à quérir chaque bonne âme qui pourrait l’informer sur cette étrange dimension. Car son but était de régler la situation sur terre avant de se remettre à retourner les neufs royaumes pour empêcher la fin des temps, la fin d’Asgard, l’arrivé du Ragnarok. Dans l’endroit régnait une ambiance à la fois réconfortante et étouffante. Les lumières étaient orangées et Thor se remémorait avec une nostalgie douce-amer les soirées dans les tavernes de la cité éternelle. Vestige d’un passé heureux et de temps récents à feindre le bonheur. D’une voix affable, le dieu couvert de suie s’exprima.

« -Bien le bonjour, humains. Serait-il possible de quérir votre aide dans ma quête d’information ? Oh, juste quelques minutes, rien de plus. Et ensuite, ma toute-puissance pourra nous tirer de cette endroit infernal et vous ramener à Midgard! »

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Thor OdinsonLoki Laufeyson

Comme au retour d'une transe éprouvante ses tempes bourdonnaient, le faciès froissé il mordit avec une aigreur silencieuse sur ses dents et s'ordonna de trouver l'apaisement face à ce qui ne pouvait être qu'une illusion. Autour de lui la substance du monde revenait en secousses et ses pupilles tremblaient autant que ses nerfs - à la fois mués par la terreur et par une excitation morbide et désastreuse. La vision dont il sortait à peine avait, soigneusement, léché les abîmes les plus sordides et viscérales de son désir tout en faisant jaillir d'elles ses contradictions les moins conscientisées. Il s'était vu en chef de guerre victorieux et acclamé - pourtant la foule lui prêtant allégeance était indiscernable. Insipide ou absente il ne pourrait trancher, logée dans l'angle mort de sa satisfaction contrariée. Il pouvait goûter matériellement et aux acclamations et au vide inhérent aux ruines froides dans son sillage. Et il y eut Thor. Halluciner son corps décharné en contrebas de sa propre victoire aurait dû faire monter en lui une ivresse péremptoire pour toutes les offenses enfin sanctionnées - Loki fut au contraire submergé par une tout autre sentiment, par celui qu'il venait de trouver le foyer du vide qui se répandait comme un poison.
Le mystificateur avait déjà pénétré des réalités en flottement sous sa forme métaphysique, investissant ces instances intangibles notamment pour entrer en contact psychique avec des alliés peu honorables situés à bonne distance de toute suspicion. Une fois le méfait arrangé retourner à un point d'ancrage matériel n'avait jamais comporté de difficultés. En outre si un esprit suffisamment exercé venait frapper à la porte du sien alors il revenait au magicien d'accepter ou de décliner l'entrevue - comme il l'avait fait lorsque la conscience de sa mère était venue à sa rencontre alors qu'il s'apprêtait à fouler le sol de Midgard en meneur des Chitauris, le fourbe l'avait alors repoussée car le moment ne s'y prêtait guère. Par ces expériences Loki savait que celle-ci n'avait rien de comparable - il ne s'était pas décorporé volontairement. D'ailleurs son corps, pesant, l'avait bel et bien accompagné dans le voyage car le vent fouettait son visage creusé d'égarement. Et il n'avait perçu aucune conscience se heurter à la sienne. Quelqu'un ou quelque chose venait de le transporter loin de la cité éternelle en passant au-dessus de ses permissions. Impensable. Sa peau s'était défaite des pliures de vieillesse volées à Odin et ses vêtements étaient ceux qu'il portait sous les épaisseurs de son subterfuge illusoire - démantelé.
Lorsque les images commencèrent à se figer distinctement sur sa rétine des bâtiments de facture Midgardienne jaillirent, rieurs, se confrontèrent à lui jusqu'à percer le ciel serti d'une unique et minuscule lune. Sa main anguleuse broya le vide à la recherche de la lance Gungnir synonyme de son statut de roi mais la tentative s'écroula dans l'échec. On se jouait de lui. Or le prince de la duperie ne pouvait accepter d'être dupé et la liste des coupables potentiels était restreinte par le nombre des adversaires qu'il jugeait en capacité de le surprendre. Il ne pouvait concevoir qu'Odin ait démêlé si tôt le sortilège entrelacé avec soin à son esprit et si le Père de Toute Chose avait retrouvé son peu de conscience Loki n'imaginait guère une punition si romanesque que l'était un bannissement sur Midgard. Le vieux fou à n'en pas douter piqué d'outrage, car incapable d'admettre sa défaite grossière, se serait empressé de commander la peine de mort contre laquelle Frigga ne pouvait plus objecter son vain amour. L'exil avait été le châtiment postiche de Thor, jamais le sien, car le roi en déclin ne pouvait mettre à l'épreuve que celui qui pouvait le satisfaire. Mais la relique que le malicieux était, elle conservée pour la satisfaction de la tenir en laisse et prête à l'usage, ne pouvait être que détruite si considérée dangereuse ou pire victorieuse.
Heimdall malgré sa trahison passée n'était pas un compétiteur sérieux, gardien du Bifrost destitué par les premiers décrets du règne de Loki, il n'était plus en possession de l'épée du crépuscule et avait toujours été inapte à percevoir les frasques du facétieux - qu'il aurait été bien incapable de ressentir en vie. Quelle importance pouvait bien revêtir sa méfiance alors que le trio palatin était acquis à la gouvernance du nouvel Odin - pire, alors que dame Sif la rétive s'était empressée de courir le sol ingrat de Midgard pour récupérer Lorelei la fuyarde sur ordre de son roi ? La subversion incarnée par le dieu du Mensonge avait désarticulé et isolé le gardien de l'ordre. Avait transfiguré la cité mordorée.
Enfin. En Asgard tous l'acclamaient en roi légitime et, sous la peau vieille d'Odin, Loki pouvait amortir la frustration de ne pas être reconnu pour lui-même. Car ses décisions étaient approuvées et que celles-ci lui appartenaient. Car endeuillés de leur reine et effarés de se constater attaquables sur leur sol sacré les Asgardiens étaient avides de belles histoires. Car le malicieux s'était érigé une statue et un culte pour que la figure de Loki vive dans des récits au mieux nécessaires et en cela coercitifs au pire imposés.
Malgré ses tentatives pour dissiper cette impression parasite, le vide continuait à grouiller en lui depuis que l'hallucination l'y avait confronté. Il se sentait infesté d'un mal absurde et humiliant contre lequel sa raison et son adaptabilité devaient lutter. S'il avait reconnu dans ces lieux le royaume des hommes l'information n'était pas si sûre.
Loki connaissait de Midgard la versatilité de ses sociétés si régulièrement bâties et effondrées en l'espace d'un battement de cils. Il connaissait également l'histoire de soumission du monde des hommes - agenouillés face à des sauveurs mystifiés, face à la peur de se comprendre mortels, les Midgardiens ne s'étaient jamais défaits de leur besoin d'obéissance. L'histoire de leurs grands hommes, dictateurs révérés, amenait son lot de confirmations. La faiblesse et l'ignorance des humains les amenèrent assidûment à trouver une bannière sous laquelle s'incliner pour prêter du sens et de la sécurité à leurs existences fragiles. Des êtres finis aspirant à l'infini.
Il percevait Midgard comme un monde à la magie faible et peu exercée. Mais l’endroit dans lequel il se trouvait ne correspondait pas à cette description car le non-sens semblait y pulser dans l'air, bâtir sa toile de fond.
Il devait comprendre et trouver un responsable. Mais avant tout vérifier les cartes qu'il tenait encore en main. La première chose qu'il fit fut d'héler Skurge pour lui intimer d'activer le Bifrost cependant l'entreprise se solda encore et encore en échec et ses hurlements d'abord impérieux puis ses murmures émaciés se perdirent tour à tour dans la nuit. Le malicieux se sentit puissamment désarçonné en constatant une partie de ses fils coupés, le tourment et la rage s'infiltrèrent en lui dans un raz-de-marée qui n'heurta des digues que lorsque Loki exerça sa magie sur l'environnement, y projetant une illusion apaisante. Les reliefs citadins qui ne lui évoquaient rien si ce n'est la débâcle de New York se muèrent alors en un décor arboré, en une reproduction d'un lieu d'Asgard où il s'abandonnait - parfois en la compagnie de Thor. Sa rage jugulée sous la peau il fit progressivement l'inventaire de ses compétences et dissipa l'illusion à laquelle il n'acceptait plus d'avoir recours une seconde de plus.
Ses prospections l'amenèrent à s'engouffrer plus profondément dans la jungle de bitume et d'asphalte et ses yeux ne tardèrent pas à agripper la cime d'un bâtiment méprisé : la Tour Stark trônait, improprement fastueuse, au centre de la déraison qui ne semblait en rien la contrarier. Pourtant le maître du mensonge ne reconnaissait guère le théâtre de la bataille menée aux alentours. Ce monde lui apparut pareil à une mosaïque d'éléments grossièrement prélevés et additionnés les uns aux autres. Et une chose était désormais sûre : au moins certaines aberrations de Midgard y étaient présentes. Étaient-elles responsables ? Loki refusait d'y songer, n'estimant que bien peu leurs pouvoirs.
Cette situation était semblable à une mauvaise plaisanterie. De celles qui commencent en listant des protagonistes d’origines impossibles à appareiller et qui continuent en les plaçant dans une situation grotesque. Grotesque pour tous les partis ? Peut-être que l'ennemi était mieux installé que lui-même à bien darder un regard sur sa citadelle. Face à l'inconnu et mordu par sa paranoïa égotique Loki devait s'armer de finesse et d'informations afin de conduire l'inévitable confrontation vers un moment propice. La vengeance viendra à son heure.
Les jours qui suivirent le fourbe tenta par tous les moyens à sa disposition d'abîmer le tissus de cette réalité incassable. En recherchant des brèches, les espaces interstitiels unissant les royaumes de l'Arbre-Monde ou même une sortie plus traditionnelle à cette ville. En vain. Le huis clos apparaissait scellé. Gelé d'un fatalisme stratège le dieu de la ruse admit - temporairement - cet état de fait car il impliquait une urgence, le nombre limité des ressources à disposition. Ressources qu'il ne comptait laisser aux mains adverses.
Il serpenta rapidement dans la clandestinité crasseuse des marchés noirs afin d'observer l'activité des basses strates de la malveillance et d'y glaner main d'oeuvre corvéable et informations impudiques. S'il préférait amplement s'illustrer dans les intrigues de cour, se rire de la prétention des puissants, y conter toute sa superbe et amasser les rires enthousiastes, Loki n'avait nul mal à se fondre temporairement dans le monde des basses besognes. Il avait toujours été un fouineur. Et il doutait de croiser le vaniteux Stark sur ce terrain bénin pour un dieu, périlleux pour un mortel.
Cependant par prudence et par dignité son apparence était déguisée. Sa hauteur était restée inchangée mais ses cheveux s'étaient mués en boucles noires comme les freux et s'étaient allongés en cascades jusqu'à sa taille - sa taille plus fine qu'à l'accoutumée. Ses traits toujours émaciés avaient gagné quelques contrastes : des lèvres sombrement maquillées et des paupières charbonneuses. Sa carrure voluptueusement nerveuse s'amusait à mimer à la fois l'intriguante et la mystique. Lorsqu'il endossait une forme de femme Loki aimait sculpter son avatar dans la beauté et l'effroi, à osciller entre tentation et moquerie.
Il était affairé au comptoir d'un troquet en déliquescence, jambes croisées et port de tête hautain, écoutait d'une oreille faussement indifférente des rumeurs concernant un artefact de pouvoir lorsqu'une voix bien familière tonna dans son dos. L'espace d'une pathétique seconde il fut englouti tout entier par le soulagement à l'entente de ces mièvres fanfaronnades versées par les accents chauds de cette voix naïvement robuste. Tout le paradoxe de Thor et un résumé de son poison. Loki se surpris à devoir déloger de son crâne l’hallucination vécue à son arrivée avant de se retourner face à son frère prétendu - c'était d'une stupidité affligeante. De quoi avait-il peur ? De voir à nouveau sa peau meurtrie et gondolée ou encore étaient-ce ses yeux morts ? Peut-être tout à la fois.
Mais le dieu du Tonnerre, envahissant comme il l'avait toujours été, ne lui laissa guère le temps de se recomposer autrement qu'en exhalant un profond soupire de consternation. Avant que quiconque n'ose interférer Loki délaissa son verre, se redressa et vint se poster impérieusement face au prince doré. Se confronter à lui sous égide rendait indéniablement l'exercice plus simple et il fallait bien le reconnaître, maintenant que les choses étaient lancées, bien plus amusant. Outre ses envies de farces il fallait prendre en compte que Thor le considérait mort et qu'en cela le magicien ne pouvait paraître devant lui sous sa vraie forme avant quelques ajustements. Ses cils parfaitement irréguliers s’abattirent paisiblement, il couvait le bon prince d'une œillade à la bienveillance picorée de malice. Sa voix paisible s'élança sans scrupules à la rencontre de Thor.

- Les âmes perdues ici-bas attendaient pour certaines votre venue, Thor dieu du Tonnerre. Élabora t-il d'un ton sentencieux et flagorneur en s'autorisant des emprunts moqueurs au dialecte prophétique des mortels. Pourtant elle survient au milieu de décombres et vous semblez vous-même revenir de loin et cela avec plus de questions que de réponses. Sa compassion feinte anima son geste et il déposa sa paume contre l'avant-bras sale de son interlocuteur. Le manipulateur en profita pour se rapprocher de sa cible et poursuivre sa sérénade dans des murmures plus intimistes. Avez-vous goûté aux illusions ? Votre réel s'est-il vu déformé par le pire et le meilleur à la fois ? Cet endroit est vicié et j'ai appris à le connaître. Sans initiation je crains que la plus noble des forces ne puisse s'orienter correctement. Ici il est difficile de reconnaître un ami d'un ennemi ou de comprendre qui est coupable et qui est victime. Si vous désirez assez ardemment aider alors je pourrais être votre guide. Ponctua t-il d'un froissement de sourcil grave. Il en rirait tant c'était cérémoniel et stupide mais la mise à l'épreuve était sûrement une tentative valable pour placer en stase la méfiance de Thor. A dire vrai Loki expérimentait. Mais il n'en était pas moins évident que placer le prince doré sous son égide serait extrêmement arrangeant.

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L’endroit était si sombre que rien ne laissait deviner la journée blafarde derrière les murs de la boite noir et moite. Les consommateurs avaient des allures variés, certains ressemblant à de pauvres bougres profitant d’un verre pour oublier leur travail laborieux tandis que d’autres semblaient avoir investit les lieux comme leurs, moins fantomatiques et plus bruyants. La silhouette fine qui s'avança vers lui, chaloupée et aux contours anguleux, ne lui laissa pas l'occasion de l'ignorer, se postant en gardienne des lieux face à sa stature massive. Son visage émacié et ses longues boucles ténébreuses lui donnaient un air sévère et même si ses yeux brillaient pour contre-balancer efficacement son austérité, elle restait d'un rigorisme qui ne donnait pas envie de la sous-estimer. Le torse bombé et le regard scrutateur, Thor lui fit face. Dans un mouvement lent, il leva son bras et posa sa précieuse Mjolnir contre le porte-manteau sans dévier des éclats verdoyants de ses yeux.

« - Les âmes perdues ici-bas attendaient pour certaines votre venue, Thor dieu du Tonnerre. Le corps du prince se tendit un peu plus, remplie d’une solennité nouvelle. Ses sourcils froncés formaient une barre au-dessus des ses yeux clairs. Pourtant elle survient au milieu de décombres et vous semblez vous-même revenir de loin et cela avec plus de questions que de réponses. Il n’en fallait pas plus pour réveiller la méfiance naturelle du dieu qui s’interrogeait sur la nature de ce ton prophétique. Sa frustration de l’inconnu se réveillait un peu plus aux mots suivants et il se retint d’agripper les épaules de la brune pour lui intimer des réponses. Avez-vous goûté aux illusions ? Votre réel s'est-il vu déformé par le pire et le meilleur à la fois ? Cet endroit est vicié et j'ai appris à le connaître. Sans initiation je crains que la plus noble des forces ne puisse s'orienter correctement. Ici il est difficile de reconnaître un ami d'un ennemi ou de comprendre qui est coupable et qui est victime. Si vous désirez assez ardemment aider alors je pourrais être votre guide.

Ses yeux bleus sondaient la femme face à lui, comme pour jauger la gravité de son existence. Mais le dieu du tonnerre était ici en médiateur de la paix et se garda bien d’agir avec une brusquerie guerrière. Alors il s’exprima d’une voix clair.

-Il est vrai que je ne dispose pas de grandes informations sur les lieux et que je suis arrivé il y a peu. Vous, cependant, vous avez l’air d’avoir arpenté ces terres plus que quiconque. Il me semble alors naturel de quérir votre aide et de vous demander expressément de me livrer les informations dont vous disposez pour que je puisse sauver cet endroit et ses habitants. Pas une seconde n’est à perdre, plus le sable s’écoulera et plus cette prison pourrait se renforcer.

Thor attendit qu’on éclaire ses lanternes et que la brune se fasse plus claire sur ses intentions et ses connaissances. Il y avait en lui une certaine brusquerie dans sa manière d’agir qui était presque un obstacle au dialogue, la tension était si palpable que le dieu finit par pointer un siège à l’écart en levant les sourcils. Dans le but de trouver un brin d’intimité dans ce repère d’oreilles enivrées. Laissant son marteau à l’entrée du taudis, le prince d’or s’installa sur un banc à la banquette griffée et dégarnie, faisant signe de loin qu’on lui apporte deux verres. Cette inconnue lui donnait une bonne raison de laver ses pensées encore éprouvées dans l’alcool et l’aventure. Ses paroles intrigantes était un puzzle auquel se raccrocher efficacement pour appliquer un baume sur les blessures réveillées du deuil. Le blond était parfois étonné par la force du manque. Le manque maternel, des douces paroles de Frigga qui le comprenait si tendrement. Mais particulièrement le manque de son frère, sans qui, il se rendait bien compte, la vie ne pouvait être au mieux qu’une épreuve. Mille an de coexistence fusionnelle, aussi néfaste fusse-t-elle à certains égards, avait prit une place dans son âme qui, arrachée, laissait un trou béant et incolmatable. Son verre en main, il avala deux goulées pleines pour laver la pellicule de cendre qui tapissait sa langue. Son humeur était grise, palote et il regardait ses doigts roussis tandis que son esprit vagabondait.

« -Cet alcool a exactement le même goût que celui de mon foyer... La nostalgie avait un goût amer qui le fit presque regretter ses gorgées enthousiastes. Mais en même temps elle était chaude dans son coeur. Pourtant il n’avait quitté sa patrie que depuis deux ans, mais ses souvenirs d’un Asgard doré remontaient plus loin, avant la chute de son frère. Même si, sans se mentir, Thor pouvait voir qu'avant celle de son frère, tout avait commencé à doucement dégringoler peu avant ces événement. Il reprit une lampée qu’il laissa se rependre sur son palais, cherchant dans le liquide le souvenir chéri de ses vieilles escapades guerrières à l'atmosphère malicieuse. Puis d'une main, il pointa la mystérieuse.

-Contez-moi votre récit et pardonnez ma rusticité. D’une meilleure disposition, le dieu se fit soudain plus amical. Votre aide me serez précieuse et il m’est difficile de m’avouer complètement perdu en ces lieux… Alors qu’il en est pourtant ainsi. Ces visions, celles que vous évoquez, ne sont donc pas des phénomènes uniques. J’aimerais savoir tous ce que vous connaissez des lieux pour nous donner des chances de briser ce qui retient nos âmes en ces lieux. Nous tous, ensemble, nous pourrons défaire ce sordide sort. Il fallait l’avouer, Frigga était la plus grande dans ce qui était de manipuler la magie et de briser les sortilèges. Le deuxième plus grand étant son petit frère. Lui ? Il n’arrivait qu’aux pires places, arrivant sans grande fierté juste devant les midgardiens et quelques espèces coupées de leurs liens magiques ou les ayant renégociés par la science. Mais Thor avait bon espoir qu’un coup de marteau au bon endroit et un peu d’improvision saurait arranger la situation. Il devait arranger la situation.

-Oh, et même si mon nom et mon rang ne vous est très vraisemblablement pas inconnu, il n’en demeure pas moins que me voilà enchanter de vous rencontrer. Alors… enchanté. » Un léger sourire vint ponctuer ses salutations.

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Thor OdinsonLoki Laufeyson

Il a son attention. Il a donc la main. Un sourire effile les lèvres séditieuses du magicien car les yeux de Thor sont fixés sur lui et laissent filtrer son trouble, malgré l'autorité qu'il s'échine à lui opposer comme pour s'armurer d'une vaine protection. Les attentes du colosse blond se formulent presque matériellement à bien observer comment ses airs graves se flétrissent et peinent à se maintenir - empressé n'est-il pas ? Perdu assurément. Alors que son visage demeure lisse les iris verdoyants du malicieux flamboient de défi et la commissure de ses lèvres désire ardemment se fendre d'amusement. Il sent Thor si proche de lui bondir dessus afin de trancher dans ses vagues paroles qu'il a bien envie de provoquer cet aveu d'impatience. Le bon Prince n'a jamais eu le goût de la latence incertaine, les attentes qui pèsent sur ses épaules guerrières n'attendant pas. Ses muscles doivent le tirer à la recherche de la bataille, le piquer en l'absence de cette dernière. Loki peut sentir rouler sur sa langue, irradier dans ses entrailles, la satisfaction à la fois joueuse et viscérale de constater Thor dans le besoin. Pas d'ennemi dans son sillage pour incarner l'explication monocausale et ainsi impossible de se rassurer en déployant la force qui anesthésie les doutes. Son frère doit brûler de se lancer, de percevoir un point de mire quelconque, oh il avance toujours avec dans ses pas la certitude dirigiste de celui qui sait mais c'est parce que le prince doré ne peut se permettre d'être perdu. Longtemps Loki fut là pour lui accorder cette permission, parfois empoisonnée mais toujours présente et à deux ils trouvaient une enclave éloignée de la juridiction d'Odin avant que le courroux du Père de Toute Chose ne les rattrape.
Un livre ouvert et lu depuis plus d'un millénaire. Désormais jeté au feu car l'union est impossible entre eux si elle n'est pas passagère et délimitée par un intérêt commun. Venger Frigga avait été un bon prétexte pour les voir converger mais, aussitôt l'objectif atteint, Thor se serait hâté de reconduire celui qu'il nommait sans honte frère aux cachots - ce n'est bien que dans sa mort qu'il peut reconnaître la valeur de Loki. Une bile âcre infecte les viscères du fourbe et même s'il tente de rendre l'amertume rieuse en se souvenant que son frère a abandonné le trône, en partie, en l'honneur de son faux sacrifice il ne parvient pas à déloger le ressentiment de son esprit. Pas alors que Thor est si proche de lui et pourtant mis à distance par les courbures féminines de son avatar illusoire. Il sent l'envie de riposte surgir et ses yeux se glacent. Leur relation n'est acceptable pour le dieu du tonnerre que si Loki n'est pas Loki. Et jamais Thor ne pourrait accepter sa survie après avoir trouvé dans sa mort la rédemption qu'il voulait absolument accoler à l'image de son frère. Oh Thor a toujours agi en soldat fidèle, refusant d'admettre des compromis qu'il percevait comme des compromissions. Sans vouloir jeter un œil aux destructions amoncelées dans son dos trop glorieux pour ne pas être garant de paix. Aujourd'hui c'est l'étendard d'une morale mièvre qu'il porte chevillé au cœur. Morale qui débecte Loki car elle est tissée dans l'auto-persuasion de son frère, dans sa fuite en avant. Tout l'enjeu est de le pousser au parjure en creusant ses insécurités et en s'infiltrant dans ses paradoxes - puisqu'il est tant absolu, assez pour enterrer son frère si c'est au panthéon, il ne pourra lui-même plus se faire face s'il se comprend incapable de protéger. La magie viciée de cet endroit sera d'une aide précieuse. Et ainsi, peut-être, Loki pourra t-il resurgir comme un sauveur de circonstance.
S'il ne s'était pas souvenu que le dieu du tonnerre s'exerçait à être meilleur, la belle affaire et des standards à revoir, le malicieux aurait pu être étonné si ce n'est frustré de ne pas le voir fuser sur lui alors qu'il ne lui offrait pourtant depuis une poignée de secondes que des minauderies cryptiques.
Ses traits anguleux s'illuminent soudain de malice et un large sourire soulève ses pommettes saillantes et dénude ses dents. Quelle tirade son frère vient-il d'offrir à une illustre inconnue ! Flatteuse juste ce qu'il faut, conciliante à souhait. Il n'a oublié aucune politesse, a bien marqué son noble objectif et a même esquissé l'aveu de son ignorance. Thor, toujours aussi naïf. Apprendras-tu un jour ce que sont les gens, à ne pas t'essayer à les aimer, à ne pas les armer ?
Et agité. L'attitude du dieu du tonnerre est fiévreuse, à n'en pas douter contrariée et parasitée par les miasmes sécrétés par le monde extérieur. Ô prince doré peines-tu tant à irradier hors de tes terres acquises ? Loki aime ça, se nourrit de ça.
Alors il le suit sans se faire prier et s'attable à son tour. Ses yeux dégustent les pliures qui creusent les expressions de Thor et prennent plaisir à cartographier ses émotions sous-cutanées. Derrière son apparence de femme il le dévore du regard sans pudeur et appuie lascivement son menton pointu contre le revers de sa main, il papillonne en pleine possession des lieux. Le malicieux n'est guère étonné lorsque Thor commande de quoi étancher son trouble et se contente d'esquisser un sourire en coin, mutin, comme on saluerait une attention charmante et bienvenue. Il ne s'attendait toutefois pas à partager l'impression de son frère. Le vin qui coule sur sa langue est parfumé des mêmes arômes que ceux qui caractérisent celui ayant sa préférence en Asgard. Cet endroit se sert de leurs esprits et la plaisanterie n'est guère à son goût. S'il ne peut cacher la confusion qui a brillé dans ses yeux il peut toutefois l'instrumentaliser. Loki estime qu'il s'agit là d'une belle façon de briser le mutisme consacré jusqu'ici entretenu par ses soins.

- Il en va de même pour moi. Ce breuvage est pareil à celui que nous consommions, mes sœurs et moi, perdues sous les arbres de notre monde. Même si les feuilles étaient baignées par le soleil, leur agglomération était si dense qu'elle formait une voûte céleste et invitait une nuit aussi fraîche que douce. Ses yeux prétendirent quitter Thor pour se perdre dans le vide et contempler la nostalgie. Ici la nuit n'a rien de comparable et malheureusement vous en ferez l'expérience. Poursuivant son jeu, il simule avoir regagné contenance et termine son verre d'une unique et résolue gorgée. Je me nomme Ikol de Álfheim et je connais votre légende, Thor prince d'Asgard. J'admets vous avoir reconnu à votre marteau. Enchantée donc de mettre un visage sur le mythe. Nul besoin de m'adresser vos excuses puisque j'ai également connu votre égarement. Je suis arrivée ici il y a peut-être quelques jours... Peut-être des semaines. Les repères temporels se fragilisent. Ses yeux auscultent avec une attention mi-feinte mi-profonde la suie qui macule la peau du prince guerrier et la curiosité de Loki ne manque pas de grandir. Vous semblez avoir été arraché à Muspelheim - ou du moins avoir été confronté à des difficultés. Des menaces se dressaient-elles face au royaume éternel ? Oh, certainement pas puisque tu avais abdiqué de lui. Dans quelle quête t'étais-tu donc lancé mon frère ? Sûrement allez-vous devoir me les conter car tout peut avoir une influence sur les lieux qui nous enferment. Après avoir exhalé un soupire profond le manipulateur poursuit son oeuvre. Si vous tentez de trouver les frontières de notre prison vous serez immédiatement ramené en son centre. J'ai essayé bien des fois. Et je suis navrée d'entendre que je ne suis pas seule à avoir été éprouvée par ces visions. Verse t-il avec douceur alors qu'il brûlerait de se saisir de l'horreur ayant visité Thor à dessein de la faire sienne, de l'incarner. Sa main fine vient, précautionneuse, se superposer à celle épaisse du dieu du Tonnerre dans un aveu de compassion. Le bon prince a toujours apprécié recevoir de la douceur pour flatter et ses plaies glorieuses et ses insécurités dissimulées. Ces visions étaient bien trop... Intimes. Personne n'aurait eu accès, si précisément, à des choses que je n'osais admettre face à moi-même. Cela me conduit à penser que notre prison n'en est certainement pas une, sûrement est-ce davantage un lieu de jugement, taillé à la mesure de nos désirs inavouables et de nos erreurs afin de nous tester et de nous pousser à mieux faire. J'ai arpenté ces lieux et je n'ai obtenu que des confirmations car bien des endroits m'ont confrontée à mes faiblesses. Pour défaire cette réalité il nous faudra certainement comprendre ce qu'elle attend de nous. Pour autant, toutes les âmes présentes ne sont pas dans notre situation. Certaines me semblent nées avec cet endroit car je peux lire en elles une signature magique semblable à celle lisible au sein de places fortes qui balisent cet univers. Certainement doivent-elles participer à notre évaluation. Peut-être pour nous tester. Il n'a pas retiré sa main de la sienne car la sensation gagnée n'est pas désagréable. Si vous le voulez je vous conduirai jusqu'à ces lieux de jugement. Peut-être parviendrez-vous à en triompher. Mais avant cela je pense que nous devrions accepter de voir ce qui nous blesse en face à dessein de nous préparer. Loki jubile. Il ne croit pas un mot de cette histoire gentillette. Selon lui et sans un doute, quelqu'un a tissé cette prison. Et il compte bien trouver le coupable - pourquoi pas en utilisant Thor en chemin.

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The Ghost By My Side

- Il en va de même pour moi. Ce breuvage est pareil à celui que nous consommions, mes sœurs et moi, perdues sous les arbres de notre monde. Même si les feuilles étaient baignées par le soleil, leur agglomération était si dense qu'elle formait une voûte céleste et invitait une nuit aussi fraîche que douce.

Thor se souvenait du claquement des sabots sur les pavés de la cité d’or qui se faisait plus feutré à mesure qu’ils s’engageaient sur les sentiers des montagnes boisées. Sur les routes du nord, on pouvait entendre des hennissements de cheval agité alors que les mains brutes et inexpérimentées du prince foudroyant malmenaient les rennes de son destrier pour le faire arriver plus vide dans les profondeurs verdoyantes. Ces terres étaient sous l’égide du père de toute chose et ils ne pourraient échapper indéfiniment aux yeux d’Heimdall, mais au milieu des milliers de poumons végétaux, Thor pouvait sentir le vent d’une nouvelle respiration et l’excitation de l’aventure. Les besaces de sa monture pleines de vivres et d’alcool, il se sentait adulte et libre. Avec l’intelligence de Loki à ses côtés, il se sentait aussi arrogant qu’invincible. A quel point était-il jeune pour avoir pensé aussi stupidement ? Impossible pour l’homme présent de le déterminer, ne sachant à quelle moment il avait cessé de penser ainsi. Ses mains se resserrèrent autour de sa choppe qui trônait sur la table décolorée. Le gris était une couleur si désillusoire, infâme, cumulant toute la laideur du monde dans une simple teinte.

- Ici la nuit n'a rien de comparable et malheureusement vous en ferez l'expérience.

Les nuits étaient moins longues quand on les mettait à profit, tel était son plan. Telle était sa routine.

- Je me nomme Ikol de Álfheim et je connais votre légende, Thor prince d'Asgard. J'admets vous avoir reconnu à votre marteau. Enchantée donc de mettre un visage sur le mythe. Nul besoin de m'adresser vos excuses puisque j'ai également connu votre égarement. Je suis arrivée ici il y a peut-être quelques jours... Peut-être des semaines. Les repaires temporels se fragilisent.

Le nom du royaume lui rappela des terres printanières qu’il n’avait plus visité depuis trois ans. A peine trois étés qui semblaient une éternité. Ce n’était pas les lieux éthérés qu’il avait retrouvé dans sa croisade ordonné par son père, mais un endroit en proie au pillage et à l’instabilité politique. La coupure des commerces et des ententes avec le royaume d’Asgard avaient profondément affaiblies les ententes diplomatiques et compromis l’unité des peuples. Il était plus que surpris de savoir qu’une habitante d’un royaume si lointain se retrouve également dans cette étrange instance, mais au vu de l’endroit d’où il avait été téléporté cela semblait logique à bien des égards. Il faillit lui demander comment se portait la cité elfique mais s’en retint pour aller à l’essentiel. Le blond lui fit tout de même un sourire un brin piteux, compatissant et silencieux en regardant la table. Malgré son ventre grondant, il se garda bien de goûter le pain. Effrayé par le goût familier qu’il pourrait lui trouver et les souvenirs qui remonteraient. Les titres de noblesses dont l’arrosa la mystérieuse conteuse restaient déjà en travers de sa gorge, un peu plus et il jurerait de s’étouffer avec les responsabilités qu’il avait fuit. Et bientôt, si il restait ici, si il n’arrêtait pas le Ragnarok lancé, d’Asgard il n’y aurait plus. Il resterait un prince du néant et ses légendes seraient belles pendant la commémoration des sujets perdus.

-Vous semblez avoir été arraché à Muspelheim - ou du moins avoir été confronté à des difficultés. Des menaces se dressaient-elles face au royaume éternel ? Sûrement allez-vous devoir me les conter car tout peut avoir une influence sur les lieux qui nous enferment.

La discussion touchait si bien ce qu’il pensait précédemment que le héros déchu se demanda si ses soucis s’étaient inscrits sur son visage contracté. Mais il semblait plus probable de songer que l’odeur de suie et de souffre qui le suivait suffisait à éveiller n’importe quel soupçon d’un habitant des neufs royaumes qui n’avait pas oublié ses liens avec l’arbre monde. Thor hésita à confier le devenir qu’il pensait certain de ses terres natales, tirailler entre la méfiance et son devoir.

- Pas celles auxquelles nous sommes habituées. C’est la fatalité qui pèsent sur les épaules des habitants d’Asgard. Je fais depuis maintenant deux ans un rêve récurrent ; notre royaume ravagé par les flammes. Il tapa du bout des phalanges sur la table, comme pour appuyer ses propos. Le géant Surtur au centre de ce sinistre brasier. Mais cela n’a rien d’un simple songe, et alors qu’il me livrait ses secrets dans son antre, m’annonçant la venue du « Ragnarok », j’ai été transporté ici. Il est crucial que je puisse regagner au plus vite Muspelheim pour récupérer la couronne de ce monstre et ainsi empêcher qu’elle entre en contact avec la flamme éternelle. Sa voix tonnait, rauque et forte dans la petite baraque et ses yeux glacés regardaient par delà sa compagne. Notre devoir est de briser ce maléfice dans un premier temps.

- Si vous tentez de trouver les frontières de notre prison vous serez immédiatement ramené en son centre. J'ai essayé bien des fois. Et je suis navrée d'entendre que je ne suis pas seule à avoir été éprouvée par ces visions

C’est ce que craignait le dieu. Que l’ennemi soit intangible et dissimulé derrières quelques maléfices. Ce défi ne se réglerait donc pas rapidement et encore moins en solitaire.

-Ces visions étaient bien trop... Intimes. Personne n'aurait eu accès, si précisément, à des choses que je n'osais admettre face à moi-même. Cela me conduit à penser que notre prison n'en est certainement pas une, sûrement est-ce davantage un lieu de jugement, taillé à la mesure de nos désirs inavouables et de nos erreurs afin de nous tester et de nous pousser à mieux faire. J'ai arpenté ces lieux et je n'ai obtenu que des confirmations car bien des endroits m'ont confrontée à mes faiblesses. Pour défaire cette réalité il nous faudra certainement comprendre ce qu'elle attend de nous. Pour autant, toutes les âmes présentes ne sont pas dans notre situation. Certaines me semblent nées avec cet endroit car je peux lire en elles une signature magique semblable à celle lisible au sein de places fortes qui balisent cet univers. Certainement doivent-elles participer à notre évaluation. Peut-être pour nous tester.

Le dieu de la foudre ravala sa curiosité mais pas sa compassion. C’est en parti pour cela qu’il laissa la main sur la sienne, liée à lui d’une façon qu’il aurait d’habitude rejeté. Le pouvoir de cette ville semblait tout corrompre, rendant le plus simple des contactes aussi attirant qu’écœurant. Dans ce contact il y’avait une douceur qu’il recherchait autant qu’il fuyait, ne devant être prodiguée par d’autres mains que celles des vies qui avaient péries entre ses doigts. Son esprit tout tourner vers l’action songea à peine à lui adresser son soutient qu’il ravala également, car il n’était point l’émotionnel des Avengers, point celui qui rassurait, point celui qui savait manier les mots pour faire du bien et encore moins pour panser les âmes brisés.

-C’est bien là ce que je crains. Que la machination s’étendent à plus qu’une opération solitaire. A l’image de l’organisation tentaculaire Hydra sur les terres de Midgard, nous pouvons nous attendre à un méfait organisé, aux sombres desseins. Il faudrait ouvrir notre pensée à plus de complexité que de chercher un responsable. Trouver la raison de notre venue dans ces terres maudites seraient sûrement un meilleur investissement dans un premier temps.

-Si vous le voulez je vous conduirai jusqu'à ces lieux de jugement. Peut-être parviendrez-vous à en triompher. Mais avant cela je pense que nous devrions accepter de voir ce qui nous blesse en face à dessein de nous préparer.

Voilà précisément les mots qu’il voulait et ne voulait pas entendre. Comme tout ce qui composait cette cité, semblable à une ondée rafraîchissante accompagnée du tonnerre infernal. Aussi vite essaya t-il de penser à ce qui le blessait aussi vite son esprit lui barrait le passage. Attraper un seul de ses démons étaient aussi compliqué que capturer entre ses doigts l’eau ruisselante d’une cascade. Et le prince préférait ses pensées ainsi, insaisissable et opérationnelle.

-J’espérais que vous me le proposeriez. Cependant je ne peux que vous inviter à me confier vos propres fardeaux, je n’ai l’esprit pour m’attarder sur un tel exercice. Mon objectif est précis et m’attarder sur le passé ne permettra en aucun cas de sauver notre avenir. Oh mais je comprendrais tout à fait vos révélations. Ces visions et cet endroit ont l’air de vous avoir éprouvée particulièrement. Je peux également me parer de vos informations pour me diriger vers ces « lieux de jugements » et constater la situation de mes propres moyens. Ne vous imposez pas cette souffrance, votre aide est déjà inscrite dans cette histoire.

Reprendre la route ne l’effrayait d’aucune manière que ce soit, et même si une compagnie aurait pu distraire son esprit vagabond, il saurait se défaire de ce confort sans peine. Du moins le pensait-il fermement à cet instant. Encore fallait-il que Thor trouve le courage d’extirper sa main de celle qui lui en rappelait infidélement d’autres pour retourner en ville.

- Alors je vous en prie, parler moi de la nature de ses visions. Je serais curieux de savoir si elles ont un sens plus profonds qu’elles ne le laissent imaginer. Il ne faut jamais prendre à la légère les songes et illusions que l’on croise sur son chemin car elles peuvent être tout aussi bien le fruit de la malveillance qu’une mise en garde des tisseuses du destin. Où vous y êtes vous confrontés ?

Finalement le dieu retira sa main sale de la table, le cœur chaud d’une gêne honteuse de sa faiblesse mais le visage de cire.

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Thor OdinsonLoki Laufeyson

L'intérêt de Loki s'embrase, il darde sur Thor un regard agité comme aiguisé, rétif et brûlant de négation. Il était roi d'Asgard et les signes annonciateurs du crépuscule des dieux n'auraient pu échapper à son œil perçant les neufs royaumes. Si le glas avait commencé à retentir pourquoi le requiem serait-il parvenu aux oreille de Thor en délaissant les siennes ? Tu fabules mon frère. Tu n'es plus le champion des prophéties. Tu as embrassé de toi-même l'exil. Garde t-il entre ses dents crispées. Les fils du destin enserrent sa gorge et y agglutinent des relents amers. L'hallucination vécue à son arrivée dans le huis clos revient soudain à lui et tire vers elle toute la conscience du malicieux. Le souffle de Loki se fracasse entre incompréhension et trop grande, trop furieuse, trop délectable, trop pétrifiante compréhension. Il se voit à nouveau en victorieux face à un carnage - ressent à nouveau la puissante satisfaction qui remplit ses entrailles d'un vide froid et affamé. Et pourtant son dos fier et droit ne s'affaisse pas, il est l'instrument de cette fatalité abstraite. Le faiseur de destruction et de la mort de Thor. Une partie de son essence irradie dans l'accomplissement morbide tandis que son corps a été dépossédé de toute chaleur. Est-ce là ce qui l'appelle tandis que l'espoir de préserver la vie communique avec le bon prince ? Est-ce là la réponse logique à toutes ces années où Loki a été l'oublié des récits glorieux et le monstre déguisé ? Foutaises. Sous son règne la cité mordorée connaît une indéniable période de paix. Que doit-il faire de mieux ? Qu'est-ce que Thor, belliqueux puis démissionnaire, pourrait mieux faire ?
- Le Ragnarök. le mot est exhalé dans un soupire à peine audible, suspendu à ses délibérations qui s'entrechoquent. Et la voix impérieuse de Thor s'abat comme une guillotine sur la nuque d'un coupable. Cette voix si sûre entendrait-elle marteler que le prince doré est en droit de prétendre à l'exercice de son devoir de sang comme s'il était vierge de toute salissure ? C'est à vomir. Ô grand Thor, le destin pardonne toujours tes offenses. Tandis qu'il m'offense et fait de moi une offense. Mais je le ferai mien. Vous étiez confronté à Surtur... Celui qui doit mener l'assaut contre les dieux Ases lorsque le ciel sera déchiré de cataclysmes. Je ne peux que concevoir votre détermination. Mais n'est-il pas un géant affaibli et inféodé à la puissance d'Odin sur l'heure ? Je n'ai guère perçu les signes avant-coureurs de la dévastation. Comment se porte le Père de Toute Chose ? Oh si. Les signes il les distingue désormais et il les liste en raclant âprement sa gorge, les tempes chaudes. La destruction du Bifrost qui a isolé Asgard de ses royaumes vassaux, l'exil d'Odin qui a assurément conduit à la déliquescence de son pouvoir dissuasif. Les conséquences inintentionnelles de ses actes intentionnels semblent tisser la toile de fond d'une tragédie lui laissant le premier rôle. Est-ce donc là la nature de Loki ? Est-ce ainsi que son nom sera retenu ? L'allié d'une fatalité grandiose et cataclysmique ? Il n'a pourtant agi que par logique et de pleins droits. Par droit de naissance. Alors peut-être bien. Peut-être qu'il s'agirait d'une victoire.
Mais en mordant avec virulence sur ses dents il se souvient que ce n'est guère le destin qu'il revendique. Il est un sauveur qui désire une toute légitime reconnaissance.
Si Loki n'a pas abattu le vieux fou, outre une affection impossible car incohérente, c'est qu'il a conscience de l'importance substantielle de ce père cosmologique au sein de l'équilibre des énergies. Pourtant le garder en vie n'aura vraisemblablement pas suffit si son frère dit vrai. D'où cette question rhétorique concernant Odin car Thor n'a aucun moyen d'être plus au courant que lui-même - il doit s'en assurer et il faut bien une amorce pour introduire la suite de ses idées. Non. Il n'en sait rien sinon il serait enragé.
Qui sait ce qui a pu advenir du Père de Toute Chose durant leur réclusion dans cette prison insensée. Non pas que le magicien aurait une larme à verser mais si Odin n'est plus alors le royaume qui revient à Loki que cela soit dans ses heures fastueuses ou durant ses derniers râles est exposé à des desseins extérieurs et intolérables. Depuis combien de temps sommes-nous ici ? Je redoute que le temps se soit enrayé et que l'extérieur de cette prison ne soit pas régi par les mêmes règles - peut-être pourrions-nous craindre une dilatation. Et si de longs moments s'étaient écoulés que pourrions-nous savoir de l'état du monde ? Je connais un moyen d'obtenir la certitude que votre Père est toujours présent et qu'il retarde le Crépuscule. Il y a un endroit où les noms de nos disparus nous assaillissent - un endroit où la mort n'a que faire de nos réticences ou de notre ignorance. Nous devrions en faire notre destination première. Notre première épreuve. Aussi dure soit-elle. Il ne sait pas s'il s'agit d'une science exacte. Si les noms reflètent une vérité ou bien les peurs de ceux qui les reçoivent. Mais l'expérimentation est séduisante, particulièrement car elle permettra sûrement d'observer Thor se décomposer. Et à dire vrai il brûle d'obtenir un élément de réponse, aussi mince et peu fiable soit-il, quant à l'état d'Asgard. Disons que c'est un pari risqué. Mais si le dieu du Tonnerre ne voit ni le nom d'Odin ni celui de Loki alors qu'il est persuadé de la mort de son frère peut-être que la ressource sera utilisable. Il y aura toujours moyen d'esquisser ensuite une pirouette explicative. Alors qu'il regagne peu à peu le contrôle de son esprit à la mesure des planifications qui s'additionnent le malicieux s’aperçoit que ses doigts anguleux étaient secoués de convulsions nerveuses. Pire qu'ils s'étaient entrelacés avec une certaine férocité, un ignoble besoin, à ceux de Thor jusqu'ici flattés doucereusement. Lorsque le prince doré récupère pour lui sa main Loki piqué dans son orgueil prétend face à lui-même qu'il ne s'agissait là que de son jeu de dupes.
Voilà que le grand Thor attend de lui des confessions, passe son propre tour et exhibe une magnanimité qui enrobe de manière arrangeante sa couardise. Comme c'était prévisible. Tu es incapable de t'appesantir sur le passé car tu penses bien plus à être et à faire. Car tu as toujours oublié ton ombre, consignée, désavouée, enterrée. Traître. Si rien ne te lèse dans ta subsistance, dans ta défaite tu comprendras tout ce qui aurait dû te manquer. En instrumentalisant son courroux Loki fait se redresser son corps féminin dans un mouvement à la souplesse arachnéenne, ses paumes fines s'abattent à la surface de la table. Cette histoire n'est pas uniquement la votre, Thor fils d'Odin et de Frigga. Si ce lieu est l'antichambre du jugement alors vous aussi y serez soumis et moins vous l'autoriserez plus distant de la sortie vous vous trouverez. Vous ne pourrez gagner en résolvant les maux de cœurs des âmes que vous jugerez à sauver - car la votre est également en balance. Je n'ai, de mon côté, aucune volonté de fuir mes démons et il est donc hors de question que vous partiez sans moi. Vous voulez connaître la nature de mes visions ? Un sourire amer, frauduleux, étire ses lèvres dans la longueur. La perte de tous ceux qui ont un jour pu compter. Par ma faute. Le pense t-il ? La question n'est pas là. C'est bien davantage une confrontation qu'il veut mener contre Thor. Pour le forcer à pleurer ses morts après avoir tant prétendu le faire. Ou à défaut révéler son mensonge. Croyez-moi bien : je ne perdrai pas une seconde de plus dans l'inaction.

Marvel **Thor Odinson** messages : 332 moitié :

The Ghost By My Side

L’annonce du Ragnarok semblait faire peser un poids sur leurs épaules, il y avait là la malédiction de la connaissance. Sa paume rugueuse caressa le cuir de ses bracelets alors qu’il cueillait les interrogations de son interlocutrice qui semblait bien informée. La fin des temps n’était pas un sujet dont en acceptait l’existence sans douter, et Thor pouvait le comprendre.

-J’ai vu mon père, Odin, il y a deux étés de cela. Son intégrité était tout entière mais malheureusement, je crains qu’en cas de revers il ne se réserve de m’en aviser, mon rôle en Asgard étant probablement déçu à ses yeux. Je crains également qu’il ne se repose sur la grandeur du royaume et n’en oublie quels danger peuvent peser sur ses habitants. Il est un roi fatigué, qui ne veut plus faire couler le sang, et malheureusement cet état de fait pourrait l’amener à négliger des signes discrets de la catastrophe à venir.

Aussi bon se soit montré son père lors de leur dernière entrevue, il était impossible pour son fils aîné d’oublier le caractère toujours plus versatile de sa personnalité et son obstination aveugle qui l’avaient accompagnés depuis la chute du Bifrost. Après sa vengeance, il n’était à point douté que le Père de toute chose avait choisi de limiter les implications guerrières d’Asgard, trop éprouvé par la perte récente de son épouse. Cela était une bonne explication au manque d’activité du royaume de l’éternel dont Thor avait eu vent lors de son périple. De plus, même si Odin avait accepté ses aspirations, il n’en demeurait pas moins qu’il était déçu du chemin que prenait son aîné et dernier enfant, ses paroles avaient été assez clairs. Si son père acceptait fièrement les décisions de son fils, son roi ne pouvait en dire autant de son prince.

-Les cultures meurent, les eaux se déchaînent, la terre se fend, la famille royale est disloquée… Il voulu en rajouter plus, mais sa bouche resta close. N’était-ce pas là déjà un tableau plus que moribond ? Des coïncidences pouvait-on lui répondre, mais c'étaient autant d’événements néfastes qui alimentaient ses convictions d’un sombre dénouement alors même que son esprit s’embrasait littéralement toutes les nuits. En quelques années à peine le royaume éternel avait été attaqué dans son cœur, les pierres de l’infini s’étaient réveillées de leurs sommeils par une volonté malveillante, les pillages étaient devenus monnaie courante dans les neufs royaumes où les hivers étaient de plus en plus rigoureux, faisant mourir les cultures et fragilisant les alliances de la citée dorée. Leur famille n’avait de même pas été épargné par la condamnation de leurs erreurs, Midgard avait payé le prix d’une guerre fratricide, Asgard le prix d’une folie infanticide, l’égide protectrice de leur famille avait péri sous le fer d’une attaque dans le dos et finalement, leur lignée avait été brisé en deux par l’ultime sacrifice du cadet. C’est avec une impuissance que le prince ne pouvait accepter qu'il voyait ses terres être recouvertes de sinistres nuages. L’intelligence et la connaissance de son frère lui faisait défaut, tout autant que son soutient et ses conseils acérés.

Le temps, voilà une autre question à laquelle son cadet aurait peut-être eu la réponse, il y a encore quelques années de cela. Si son père avait péri, Heimdall l’aurait amené à sa rencontre. Mais si le temps lui avait échappé depuis son arrivé ici, une boite de pandore s’était peut-être ouverte sur le royaume des asgardiens. La frustration se dessinait en un masque chiffonné sur le visage du prince alors qu’il répondait avec un certain désabusement qui couvrait son inconfort. Le mot épreuve suffisait amplement à avoir l’aval de sa personne.

-Si un tel endroit existe alors il me semble important d’en effet y jeter un œil.

La réponse cinglante d’Ikol de Alfheim quand à son refus de s’étendre sur des confessions -qui n’avaient évidemment pas lieu d'être - le prit au dépourvu. Incisive, sans appel, elle prit soin de l’emprisonner sagement face à ses responsabilités envers les âmes prisonnières de cet endroit. Face à ses devoirs. Elle avait dans sa voix un accent impérieux qui donnait envie à Thor de n’écouter que ses conseils et suivre son chemin en maugréant. Comme il suivrait le chemin d’un vieil ami. Alors son visage se durcit mais il acquiesça à ses paroles, comme pour noter timidement son acceptation. La brune était dirigiste, tranchante et digne dans son honnêteté. Si bien que sa confession, elle la lui donna comme on donnerait une gifle, une remarque qui informait autant qu’elle confrontait. Et la vague de sympathie à son égard n’était pas dû à son comportement, si droit et éthéré, mais bien aux propres échos chez lui qu’elle soulevait. Dans un mouvement maladroit, sa paume noirci se posa sur le tissus de ses draperies, au niveau de son avant-bras.

-Alors ne traînons pas, il n’y a pas une seconde à perdre. Il ne pouvait la réconfortait. Il ne connaissait pas son tourment. Lui assurait que tout irait bien était un mensonge, il lui devait d’agir et non de mentir. Thor se leva finalement, invoquant Mjolnir à sa main avant de poser quelques pièces étrangères sur la table. Depuis combien de temps êtes vous arrivé ici et où vivez vous ? J’ai appris que le festival du lagon avait commencé à Alfheim, il y a peu. Je me souviens y être allé pour mes 400 ans. Ce fut un désastre, même avec toute la bonne foi de mon accompagnateur qui tentait de m’apprendre les rudiments de la « diplomatie » et des « manières. » Avant qu’il ne ruine tout simplement le spectacle de la soirée par une fourberie. Ses pas le menaient à l’extérieur du bar pour s’engouffrer à nouveau dans les rues désertes.

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