Une nouvelle journée parmi tant d’autres, un moment où les pauvres êtres parlaient entre eux, se rencontraient. Une vie banale, bien trop, inutile aux yeux de certains, me faisant même rire à certains moments. Quelle idiotie de croire que tout allait bien, que rien n’était prévu. Comment pouvaient-ils le croire ? Se dire que tout ce qu’ils faisaient sur la journée avait un goût de nouveauté, d’imprévu ? Alors que tout était noté, se retrouvait inscrit sur les pages de cet ouvrage que je connaissais si bien.

Un sourire sur les lèvres alors que certains ressentaient de la peur, cette sensation si singulière, si prenante. Un délice pour moi, pour ceux faisant partie du Sinestro Corps au point qu’on l’insinuait lorsque nous en avions la possibilité. Il était si simple de jouer avec ça, de les savoir si faible en réalité… Il était si aisé de les détruire, de les briser, de les écraser.

Un rire, léger, quittant mes lèvres et n’attirant pourtant pas l’attention.

Pourtant la peur est ressentie par tous, même si Lyssa semble l’avoir oublié… Elle-même en possède une, camouflée au plus profond d’elle-même et ce même si elle est entrée dans ce groupe, même si elle est devenue l’un d’eux. Tous. Ils en possèdent tous. Il faut juste savoir gratter, fouiller dans les passés et les futurs… Et ça… C’est mon rôle à moi…

Un regard de biais à un gamin passant non loin, un être venant de lâcher son ballon. Un regard montrant de l’amusement dans son désarroi et lorsque la mère s’éloigne, je ne peux m’empêcher. C’est plus fort que moi, j’entraîne le petit plus loin en lui montrant un homme tenant plusieurs ballons. Suffisamment loin pour qu’il perde de vue sa mère, que cette dernière ne le voie plus et je m’éloigne également dès qu’il se déconcentre.

Un sourire. Pourquoi faire le bien alors que le mal est si simple ?
Les voix qui se mêlent, les appels.

La crainte.La peur de perdre un être cher.

Cet élément naturel pour tant de monde, qui est présent chez les humains depuis la nuit des temps. Chez moi aussi dans le passé, un passé lointain où j’avais aimé quelqu’un. Une moue haineuse sur le visage alors que j’étais seule, que je savourais les cris, les peurs autour de moi…

C’était si bon.

Et en même temps si douloureux. N’est-ce pas ? Je sais que tu ne me lis pas, actuellement, mais nous sommes liés. Je sais tout de toi, Lyssa. Tout. Et cette année en ces lieux fut tout de même longue pour toi, n’est-ce pas ? Malgré la batterie pour recharger ton anneau, malgré tes désirs… Tu n’en n’étais pas moins seule. Seule sur une Terre qui t’était inconnue, toi l’alien, toi qui t’étais détachée de tout.

Un haussement de sourcil alors que j’arrivais dans une autre rue, qu’une silhouette apparaissait. Je l’avais déjà aperçue cette silhouette aux cheveux blonds, cet être aidant les gens. Tout mon opposé. Pourtant… Malgré cette fierté, malgré ce désir de venir en aide à d’autres cela restait un être vivant, un être ayant ses failles.

Un nouveau sourire.

« - Vous cherchez quelque chose ? Si c’est l’enfant, je suis certaine que si les gens ouvraient un peu plus leurs yeux et leurs oreilles ils l’apercevraient aisément. »

Un ton cinglant, mais montrant clairement ce que je pensais des gens. Des idiots. Tous autant qu’ils l’étaient. Je jouais avec la chaîne de mon livre, cet objet utile pour tant de choses.

« - Si c’est autre chose, il n’y a rien eu de bien palpitant par ici. Mais vous devez le savoir, n’est-ce pas ? »

Hautaine, je l’étais. Totalement. Et je m’en fichais bien de ce qu’elle pouvait penser de moi.


« - Vous êtes intriguante. »

Une sensation étrange auprès d'elle comme si quelque chose était différent d'avec les autres êtres. Je ne savais juste pas mettre le doigt sur cet élément, mais je savais que je finirais par le savoir. Et si ce n'était pas moi, ce serait le livre. Cet "être" lié à moi à tout jamais.

Un haussement de sourcil face à cette femme, cet être que je croisais bien trop souvent… Ou que je forçais à apparaître ? Probablement… Le destin n’existait pas, après tout, je savais qu’elle serait là, quelque part. Qu’elle interviendrait si je m’attaquais à quelqu’un. Telle une super-héroïne… Oh que ce terme était risible parce que ceux nommés « vilains » pouvaient être les héros pour certains et vice-versa. Ils avaient juste la chance d’être du « bon côté » du miroir durant quelques instants, mais n’avaient-ils jamais brisés des vies ?

« - Ah… le vol de sucette n’entre pas dans ma juridiction. Ce n’est pas assez fort pour propager la peur. »

Je la fixais, je gardais cet air hautain, presque narquois. Elle ne m’inquiétait pas, absolument pas. Je n’avais pas peur d’elle, je ne comptais pas m’enfuir ou quoi que ce soit. Elle ne pouvait PAS m’attaquer sous peine que ce soit elle qui ne soit du mauvais côté du miroir. Les gens étaient soulagés, je le savais, je le ressentais et je soupirais doucement.

« - Femme. Et la politesse, ne la connaissez-vous pas ? A moins que vous ne l’ayez perdue en route ou fracassée avec votre marteau. »

Je restais neutre, en apparence, je ne la quittais juste pas des yeux. Un léger mouvement de main, j’envoyais aux oubliettes les divers mots qu’elle pouvait employer. Je m’en fichais. Totalement.

« - Vous connaître ? Mais c’est terriblement simple vous savez. »

Mon ton qui ne montrait aucune réelle émotion, un léger sourire apparaissant sur mon visage. Les gens pensaient, toujours, qu’ils m’étaient totalement inconnu pourtant… C’était tout le contraire. Je pouvais TOUT savoir d’eux si l’envie me prenait, si je le souhaitais. C’était moi l’inconnue aux yeux de tous.

Une inconnue qui ne se présentait que rarement, qui préférait prendre l’ascendant sur autrui. Hormis dans quelques cas, quelques rares moments. Parce que l’être en face de toi, Lyssa, est intéressant.

« - Ma prochaine cible ? Il se peut qu’elle soit bien plus proche que ce que vous pensez. Peut-être se trouve-t-elle face à moi, peut-être est-elle dans l’un des bâtiments alentours, dans l’une des rues ? Tout est possible. Après tout, vous ne savez pas ce que réserve le futur, ni tout ce qui est lié au passé de chacun. Vous ne savez que ce que vous connaissez, ce que certaines choses hors du commun connaissent. Mais cela reste limité. »

Une légère attaque. Très légère. Afin de voir sa réaction, afin de voir ce qu’elle répondra, ce qu’elle fera. Je voulais voir sa manière de faire, découvrir si elle ferait partie de la première ou seconde catégorie : les intéressants et ceux que j’écrasais sans aucun état d’âme. Mais avais-je encore réellement une âme ?

« - Ne pensez pas que vous me donnez envie de m’enfuir ou de me faire telle une souris prise au piège. Vous m’indifférez totalement, très chère. »

Était-ce vrai ou faux ? Qui pouvait le savoir ? Ah… Oui. Moi… Il est vrai que je suis bien placé pour découvrir ce genre de choses et pourtant… Je n’ais guère envie de vous donner la réponse, ce ne serait pas amusant, pas tout de suite du moins. Lyssa est ainsi. De plus… Peu importe la catégorie… Elle ne ressent rien alors qu’est-ce que cela changerait, n’est-ce pas ? Hormis l’occuper un peu en cette morne journée où la peur semble peu présente, où elle doit être forcée.

Un mouvement dédaigneux de la tête, je scrutais un être se faufilant dans la foule, faisant les poches. Quelqu’un en profitait, totalement.

« - Ne devriez-vous pas réagir si quelqu’un s’amuse à voler les gens ? A prendre l’argent qu’ils ont difficilement gagné au fil des jours ? A moins que vous n’ayez peur que je fasse quelque chose derrière votre dos alors que vous vous élanceriez pour l’arrêter ? »

Des doigts se perdant dans les cheveux.

« - Serez-vous ou non, intéressante, très chère ? »