ft. Bruce Wayne
Les doigts glissaient avec une certaine élégance sur le bras de cet homme. Son compte avait bien trop de zéro que pour être comptés, cet homme avec qui un jeu s'était instauré entre lui et moi. Un homme bien trop sombre pour n'être que ce
don juan aux amourettes si multiples que le chiffre n'en était que plus indécent. Ce jeu n'était pas fait de charmes, de mots doux et de caresses. Au contraire, même si nos regards donnaient le change et faisaient croire à toute la presse
people qu'une réelle histoire se concrétisait entre le
fantastique Bruce Wayne et la
surprenante Ophelia Sarkissian, qu'une idylle naissait suite à de simples mots partagés il y a un an. Ce n'était que façade. En cet homme, une ombre existait et je voulais la découvrir, la décortiquer et m'en servir telle une arme mortelle. Il avait cette capacité, je le sentais. Je le ressentais. Son regard montrait une accessibilité, une vie
sans souci mais une
ombre planait. Une ombre bien trop attirante pour une vipère ayant attendu depuis tant d'années une vraie cible, un vrai défi pour elle. Je tentais de donner le change, d'offrir à cet homme mon plus beau jeu d'actrice mais s'il était aussi malin que me laissait entendre ses mots, ses suspicions, il devait jouer tout comme moi. Il devait être intrigué par la femme derrière ce sourire avenant, ce regard perçant. La souris devait vouloir savoir ce qui s'y cachait mais, malheureusement... Ni lui, ni moi ne savions qui allait être le premier piéger. Le premier capturer dans les serres ou les crocs de l'autre.
"
Je vous remercie de m'avoir conduite jusqu'à chez moi." Une légère prise sur le bras où j'avais pu sentir un bon nombre de fois les muscles taillés sous les nombreux costumes de l'homme. Il donnait une impression d'homme au physique des plus normaux mais, en dessous, je ne doutais pas un moindre instant de l'aspect de ses muscles, de leur puissance.
Oui, il fallait que je le piège en premier... Un baiser déposé sur sa joue, le regard fuyant, bien au courant de certains paparazzis présents dans les parages.
Jouer le jeu jusqu'au bout. Par chance, pour une fourmi qu'il me fallait écraser sous mon talon, l'insecte n'était pas des plus immondes et mon jouet aurait pu être des plus hideux. Pour ensuite me détourner, le délaisser sur le trottoir face à l'immeuble où je logeais, m'en allais et laisser les photographes sur leur faim... Moi-même, je n'avais rien eu à me mettre sous la dent. De plus en plus prudent depuis notre première rencontre, Bruce n'avait plus fait de faux-pas ou de très rares. Je n'avais pas su approfondir mes recherches sur cette personnalité. Seul mon instinct parlait lorsque j'analysais ce regard empli de ténèbres - semblables aux miennes il y a fort longtemps - et le fait que sa vie était bien trop publique... Que pour être honnête.
*****
Un autre rendez-vous. Nocturne, cette fois. Avec un autre homme. Un homme fait de courage et de justice. Un homme aux poings lourds. Un homme qui me faisait rire, tant sa dévotion pour l'être humain était risible. Ophelia s'amusait avec Bruce et Viper s'enroulait autour de Batman, la chauve-souris n'ayant rien à envier au mordant du serpent.
La mise en scène était parfaite. Assise sur ce vieux bureau, dans cet entrepôt dont les propriétaires avaient dû mourir des jours plus tôt -
oups, i did it again -, mes doigts glissaient le long du fouet, s'amusaient à ressentir les courbures de cet objet fait de cuir. Mes oreilles n'avaient que faire de ces trois personnes attachées, derrière moi. Bloquées sur des chaises : un homme, une femme et un vieil homme. Des victimes de choix. Que j'avais traqué de longues nuits avant de finalement les choisir au milieu d'une liste de candidats des plus étoffées. Certes, mon but était d'éliminer tous les êtres humains mais cette chauve-souris, me suivant et me traquant... Me permettait de prendre un plaisir encore plus malsain : celui de voir la moitié de visage découverte, tiraillée par les choix éthiques. "
Oh ! Mais qu'entends-je ! Votre Sauveur, ma chère dame et messieurs ! La célèbre chauve-souris !" Un rire cristallin résonnait au centre de ce bâtiment désaffecté, ponctué par les vrombissements de cette voiture si caractéristique de l'homme vêtu de noir. "
Quelques minutes plus tard et je m'amusais sans vous, très cher. Êtes-vous lassé que nos rendez-vous nocturnes se font si rares, désormais ? Ou m'avez-vous remplacés pour un reptile de bas-étage ?"
Sans bouger de mon meuble, je croisais les jambes. J'observais ce jouet avec sa cape. Oh, si seulement il était dans mon camp. Nous serions de telles menaces pour le monde. Avec un esprit affûté comme le sien, mêlé au mien, mes rêves d'éradication seraient si facilement atteints... Un soupir las à mon propre désarroi de ne pas le savoir dans mon camp, je sortais une petite fiole d'une pochette à ma ceinture. "
Jouons, voulez-vous ? - l'objet de verre tournait, lentement, dangereusement entre mes doigts -
Ce petit objet contient un contre-poison extrêmement rare. En fait, sans me vanter, il est de mon invention, tout comme le poison attaquant le système musculaire de ces pauvres victimes." Un sourire étirait mes lèvres en une grimace des plus sadiques, des plus effrayantes. Dévoilait la moitié de ma dentition, de ces canines aiguisées à la perfection. "
J'en possède trois sur moi. Si vous gagnez mes trois épreuves, vous gagnez une fiole. A chaque erreur... - lentement, la fiole pendait entre l'index et le pouce, attirée par cette gravité -
Une fiole de moins. Petite précision : plus vous prendrez de temps, plus le poison les handicaperont. Alors ?"
Jouons, chauve-souris. Rends donc ma nuit des plus intéressantes par ton sens inné de la justice et ton syndrome de Sauveur.