L'ombre se dessinait sur le sol, créée par la vive lueur de la lune pleine. Le vent froid de ce mois de février s'engouffrait dans l'appartement et ne laissait présager que de futurs malheurs. Lentement, les pieds de l'ombre s'avançaient dans ce salon si connu, arpenté maintes et maintes fois, comme s'il était le même que celui de Gotham. Dans le sillon de lumière, le rouge éclatait, rebondissait sur les surface. Les dents douloureuses, la personne râlait, faisait craquer sa mâchoire... Faim. Cela tiraillait son ventre. Douleur. Celle du rejet, celle de l'abandon. Vengeance. Vouloir faire payer à l'autre. Lui montrer ce que c'était de réellement souffrir. L'occasion de le faire en voyant cette petite ombre. Celle d'une enfant à la toison d'or. Celle d'une gamine venue simplement boire un verre d'eau avant de retourner sous la chaleur de la couette.

Dans ses grands yeux, la joie se lisait en voyant l'intruse dans cet appartement. Elle abandonnait sa mission, celle de s'abreuver, pour venir sauter dans les bras de cette silhouette menaçante, mais si connue... La confiance se lisait dans les bras de la jeune fille se blottissant dans les bras de l'ombre carmine. Les bras passés autour de ce petit corps, le regard vide se relevait. Croisait celui d'une autre personne. La faire souffrir. Et une des mains traversait le corps de l'enfant, des griffes s'engouffraient dans le ventre pour sortir de l'autre côté. Une autre nuance carmin se reflétait sur le sol, se mélangeait à l'aura rouge de la tueuse...

Le souffle coupé, mon corps vacillait, tombait sur le toit. Telle une feuille secouée par le vent, mon corps tremblait sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. La peur de regarder mes mains, d'observer les preuves de ce crime... Il fallait... Je devais aller voir Bruce, lui dire... Je devais... Ma respiration se bloquait dans ma gorge et je n'arrivais pas à respirer, je n'arrivais pas à expirer, l'inspiration n'arrivant pas au terme. La douleur lancinante, la peur et puis, le courage... Le courage de regarder mes mains... Le courage d'y voir le sang en partie séché, d'y voir les reflets sanguins... "Non... non, non, NON !" Un hurlement de désespoir, celui d'avoir à nouveau perdu la tête. Le besoin de la voir. Je me relevais, me ressaisissais et sautais de toit en toit.

La fenêtre était ouverte... Non... Non, je ne pouvais pas... Je n'avais pas pu... Comment... Comment survivre alors que j'avais...

"Mags !" Un cri, un appel à l'aide. Celui d'une âme perdue dans le flot du temps, celui d'une femme ne pouvant pas imaginer comment survivre à ce crime. Le masque tombait, rejoignait le sol avec la perruque rouge. L'héroïne sans peur, laissait tomber le masque pour faire apparaître la femme, avec ses faiblesses, avec ses peurs. Sa peur, celle d'avoir tué les deux êtres qui tenait encore à mes yeux. "Mags, réponds-moi, je t'en supplie !" Les bottes claquaient dans l'appartement, filaient d'un bout à l'autre des pièces, avançaient dans le couloir. La peur au coeur. La peur au ventre. Les larmes aux yeux et l'âme déchirée. "Mags, bordel !" La voix tremblait autant que les mains, alors que la silhouette apparaissait. Se dessinait à l'embrasure de la porte. La vue se brouillait de ces larmes que je ne pouvais faire couler... "D-Dis-moi que... Jamie va bien... E-e-e... Elle va bien, hein...?" Mes genoux tremblaient et, d'instinct, je posais une main sur le mur... Mon corps défaillait. Mon corps subissait la fatigue et je n'arrivais pas à voir plus loin que quelques mètres, je ne voyais que l'ombre floue de cette femme. Cette femme pour qui mes sentiments étaient conflictuels : colère et amour. Culpabilité et sérénité.

Les doigts tâchaient le mur de ce sang en partie séché, marquaient de façon indélébile la preuve de mon crime, celui d'un meurtre... Un meurtre... Mais de qui... *Pas... Pas Jamie... Pas Jamie, je vous en supplie...* Je priais, souhaitais de tout mon coeur avoir imaginé ces dernières minutes, ces instants où je prenais la vie à cette enfant... "Dis-moi que je ne l'ai pas... Que je n'ai pas... Qu'elle... Qu-qu'elle va bien..." Bruce devait m'enfermer. Je devais le lui dire, l'obliger à m'enfermer derrière des barreaux d'où personne ne pourrait sortir, même Zatanna, même une souris. Non, je devais... Je devais être... "RÉPONDS-MOI !" Un cri, désespoir, peur. Le contrôle n'existait plus. Comme toujours, le masque tombait face à cette femme, face à celle qui me connaissait, avait compris que ce visage n'était que faux et contrefait... Qu'en-dessous, il y avait une femme. Une femme aux failles si profondément ancrées, qu'elle avait besoin d'aide...

J’étais chez moi, je profitais de la soirée, du fait que la plus jeune des lieux dorme. Les yeux fermés je me demandais comment allait Kate, les raisons faisant qu’elle s’éloignait à certains moments et pourquoi, à d’autres, c’était tout le contraire. Mes doigts qui passaient là où j’avais été blessée dans le passé, des moments où mon cœur semblaient se serrer en pensant à la rousse. A cette femme que j’avais aimé.

Mais avec laquelle tout semblait si complexe soudainement.

Quelques petits pas, des mots pour me demander si je comptais rester encore éveillée. Je répondais par l’affirmative tout en lui disant que je ne tarderais pas trop, les pas qui s’éloignaient à nouveau, retournaient dans la pièce qu’ils avaient quitté. J’essayais de comprendre sans succès, de mettre les pièces du puzzle ensemble…

Seul un élément revenait sans cesse…
Cette autre femme.
Je n’arrivais pas à ne pas me dire que c’était de sa faute si…

Avant d’être surprise, de ne pas comprendre ce qu’il se passait. Cette voix que je connaissais si bien, qui s’élevait alors que je m’approchais, que mes prunelles devaient montrer ma surprise. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’elle venait, mais la voir dans un tel état… C’était… Ses mots qui résonnaient, serraient encore un peu plus mon cœur… Qu’avait-elle ? De quoi parlait-elle ?

Je regardais cette main, le sang séché qui se retrouvait là où elle l’avait posé, mais évitais les questions. Cela ne servirait à rien, pas pour le moment du moins. Je traversais la pièce, ne réfléchissais pas, me fichais bien de tout le reste, de si Jamie viendrait poussée par la curiosité. Tout était mis de côté et je serrais simplement celle que j’avais aimé – que j’aimais toujours en réalité – contre moi, essayant de le calmer, de l’apaiser comme je le pouvais.

« - Chut… Je ne comprends pas ce que tu as, mais… Jamie va bien, elle était retournée au lit il y a quelques instants et pourrait arriver à n’importe quel moment… Je suis sûre qu’elle a dû t’entendre elle aussi… »

Je ne la lâchais pas, je la serrais même un peu plus fort. Comme si j’avais peur qu’en la lâchant elle ne disparaisse, ne s’enfuie je ne sais où, ne s’enfonce un peu plus dans… Dans quoi ? Pourquoi était-elle ainsi…

« - Kate… Que t’arrive-t-il ? Parle-moi… »

J’inspirais doucement, m’inquiétais. Je voulais comprendre, mais également la calmer, lui montrer que tout allait bien.

« - Est-ce que tu veux aller la voir ? »

Une question toute simple, mais si ça pouvait la rassurer je pouvais bien la mener jusqu’à l’enfant de la demeure, lui prouver que tout allait bien, qu’il n’y avait rien.

« - A moins que tu ne préfères t’asseoir un peu ? »

Une autre proposition au cas où afin de lui montrer qu’elle n’était pas obligée, que cela restait son choix à elle. Je frottais doucement son dos, attendais… On ne se déplacerait que lorsqu’elle en sentirait la force car je voyais bien, là, que ça n’allait pas. Mais que pouvais-je faire de plus ?

« - Laisse-toi aller, si tu en as besoin… »

Mon corps n'était qu'une feuille à peine accrochée à sa branche, qui peinait à y rester alors que le vent soufflait de plus en plus fort dessus. S'acharnait sur elle pour la faire glisser, tomber… Jusqu'à être rattrapée. Attrapée dans ces bras dont je me souvenais à peine de la chaleur, de la douceur… Dans cette étreinte où je me laissais tomber, glisser, jusqu'à finir à genoux contre Mags. Sans arriver à me contrôler, les larmes se mettaient à couler. Elles souillaient mon visage, roulaient sur mes joues… Je me raccrochais à elle, comme… Comme avant. Comme lorsque cette affaire avait été, finalement, trop lourde pour moi, comme lorsque j'avais failli avorter notre histoire… Mon visage enfoui dans son ventre, dans sa blouse de pyjama, les gants salissant sa tenue alors que les doigts se fermaient, se cramponnaient à cette femme. "Je l'ai tuée… Je l'ai… Je l'ai vue… Je… Elle était là, dans mes bras, et je la… Elle…" Les mots de Mags me parvenaient à peine alors que son étreinte restait, s'accrochait à mon corps… Je n'arrivais plus à la lâcher, je me retenais à elle, je m'empêchais de couler grâce à elle… Grâce à sa voix qui tentait de me rassurer… "C'est son sang… C'est… Ce-… Je… Non… NON !" Une boule se formait au creux de ma gorge, gonflait sous la douleur, sous la peur. Le cri résonnait dans mes oreilles, me perçait l'esprit.

"Ne me lâche pas, Mags… Ne me… S'il te plaît…" Les mots étaient soufflés dans un court soupir, accrochée à cette femme pour qui je ressentais encore cette haine infondée, pour qui je n'avais qu'une envie : lui cracher tout mon venin sans raison… Mais dont j'avais besoin des bras, de la chaleur… "Il faut… Il faut appeler Bruce… Il faut… Il doit… M'enfermer… Je…" Les mains lâchaient ce pauvre tissu malmené depuis les dernières minutes pour s'accrocher autour de la taille de la policière, pour s'y serrer, pour presser mon visage contre elle et ressentir chacune de ses inspirations… Chacune de ses expirations… "Elle va… Bien…" Seulement maintenant, mon esprit comprenait les mots de la femme. Comprenait ce qu'ils signifiaient… "Alors à qui… Appartient ce sang… Qui… Qui ai-je… Encore…"

Les larmes glissaient le long de la mâchoire, y créaient un sillon froid et salé, doublaient de vitesse… Qu'avais-je fait ? Si ce n'était pas Jamie, si ce n'était pas elle… Qui… Une autre… Une autre enfant… "Aide-moi à… À enlever…" Maladroitement, je me reculais, assise sur mes talons, à genoux, faible, inférieure, brisée face à Maggie. Les doigts tremblaient et n'arrivant pas à retirer les attaches des gants, n'arrivaient pas à les défaire correctement. Le poids du costume semblait avoir doublé, triplé… Je ne méritais pas d'être une Bat si j'enlevais la vie d'innocents. Je ne méritais pas de me battre sous ce signe de paix, ce signe d'une famille, grande, sans forcément des liens de sang mais des liens puissants. Un signe qui promettait de ne pas tuer. Mon choix était plus pragmatique, plus militaire et Batman le savait. De là, nos visions divergeaient mais on savait parfaitement travailler main dans la main. Alliés lorsqu'il le fallait… Mais là… Je ne méritais pas de porter ce signe sur ma poitrine… "Je ne mérite pas… Je… J'ai trahi les… J'ai tué… C'est moi qui… Qui ai tué… L'ex-belle-fille de Natalia et… Et… - un hoquet, la respiration coupée par les larmes, par la panique, par la détresse - Et sûrement d'autres…"

Dans la recherche d'une ancre, d'une bouée pour ne pas me noyer un peu plus, je relevais les yeux. Je relevais le regard vers Maggie, vers mon ex-fiancée… je tremblais… J'évacuais tout ce que j'avais sur le cœur depuis notre rupture, depuis ma décision de faire passer le bonheur de sa fille avant le mien… Je la regardais et j'avais peur… J'étais terrorisée à l'idée d'y lire mépris, haine ou dégoût. J'étais apeurée à imaginer de telles émotions passant dans son regard alors qu'elle m'observait…

Je l’écoutais, je la voyais paniquée, je la retenais comme je le pouvais contre moi en tentant de lui dire que Jamie allait bien, que la petite blonde traînait simplement sous sa couette – ou devait tenter de fuir de sa chambre pour venir voir à présent – et qu’elle n’avait aucune égratignure. Réellement, aucune. Je ne comprenais pas pourquoi elle pensait avoir tué ma fille, pourquoi elle disait que ce sang était le sien.

« - Kate… Calme-toi… Ce n’est pas le sang de Jamie, je ne sais pas de qui il est, mais ce n’est pas le sien… Et je n’appellerai pas Bruce pour qu’il t’enferme alors que… Nous ne sommes sûres de rien hormis du fait que la petite souris est en bonne santé. »

Je prenais sur moi, je me sentais mal de la voir ainsi, de ne pas pouvoir faire autre chose… Je faisais ce que je pouvais pour être son ancre, sa bouée, son soutien… Je la sentais se reculer, je sentais mon cœur se serrer en la voyant pleurer, en la voyant assise sur ses talons, en la sentant si faible elle qui était habituelle si forte, si… A l’opposé de la femme que je voyais là, sous mes yeux.

Elle avait beau avoir expliqué… J’avais du mal à l’imaginer tuer une enfant de sang-froid. Non… Elle en était incapable, du moins dans son état normal… Pourquoi aurait-elle fait ça ? Elle qui tuait, certes, mais lorsque la situation l’exigeait, lorsqu’il y avait une réelle raison. Elle avait beau le faire, elle suivait également à sa manière cette doctrine purement bat’…

Alors pourquoi… Là… Elle…

Je serrais les dents, je souffrais de voir tant d’émotions dans son regard, je souffrais de la voir trembler, de la voir aussi mal. J’avais tellement mal au cœur et je me baissais, je me mettais à son niveau son détourner le regard, sans me poser de questions. Je l’aidais à enlever cette tenue qui semblait si lourde à porter actuellement et ce sans un mot, juste en ne détournant pas le regard, en lui montrant que j’étais là, présente, que je ne partais pas en courant à l’autre bout de ces lieux.

Je passais des doigts sur sa joue, la fixais doucement…

« - On va nettoyer tout ça et… Kate… Tu ne l’as pas tuée. Ni Jamie, ni l’ex-belle-fille de… »

Je déglutissais légèrement en disant le nom de cette femme que je n’appréciais guère.

« - De Natalia. Jamie est en vie, dans son lit, quant à cette autre femme, l’enquête le montre. Ce n’est pas toi la coupable… Quant au fait de tuer une enfant, sincèrement, Kate… Nous savons toute deux que tu en es incapable, que tu ferais tout le contraire pour eux… Je ne sais pas de qui est ce sang, mais je suis certaine d’une chose… C’est que ce n’est pas un gamin que tu aurais pris pour cible pour une raison inconnue. »

Un souffle.

« - On va aller dans le salon, tu vas boire un peu d’eau et tu vas me raconter, d’accord ? Les raisons te poussant à croire cela… Et si ça peut te rassurer, je demande à Jamie de venir près de nous… »

J’attrapais doucement ses mains, l’aidant à se relever, l’épaulant comme je le pouvais, moi. L’entraînant vers cette autre pièce, la laissant seule quelques instants en lui laissant un verre avant de m’occuper de sa tenue, de faire en sorte que la petite souris blonde ne tombe pas dessus par hasard en sortant de sa chambre, ne veuille pas en savoir plus sur ce que c’était. Pour le mur, je verrais par la suite… Ce n’était pas urgent.

Je rejoignais ensuite mon ex-fiancée, celle qui faisait en réalité toujours battre mon cœur, celle qui me le brisait actuellement tant elle semblait si faible.

« - Ou on regarde quelque chose à la télé’ le temps que tu te remettes… Je reste près de toi, Kate… »

Que pouvais-je faire d’autre ? Prévenir sa « nouvelle compagne qui me hérissait les poils » ? Non. Non merci. Elle pouvait courir et aller voir dans les limbes si j’y étais. Même dans la cuvette des wc. Je m’installais non loin de la rousse, l’attirant contre moi, tentant de l’apaiser…

« - Je ne bouge pas… D’accord ? Parle si tu le veux, laisse toi aller si tu le souhaites… Nous verrons ensuite… Prends le temps qu’il te faut… »

Comme un ballon que l'on remplissait bien trop, goutte par goutte, puis celle de trop… Celle qui faisait exploser le plastique, faisait se répandre l'entièreté du liquide. C'était ça, qui se passait. C'était ça… Que j'étais en train de subir. La goutte de trop, la vision de cette petite fille que j'aimais tant, que j'aimais comme si elle était la mienne. Ce sang sur mes mains, sur ces gants, un liquide rouge qui se fondait dans la couleur vermeille de ces protections… Ces gants que je voyais être enlevés, les attaches défaites par la femme face à moi. Celle que je croisais un instant du regard. Celle à qui je m'accrochais d'une certaine façon, là, en gardant les yeux dans les siens… Un contact irréel mais qui m'empêchait de pleurer encore plus, de simplement me recroqueviller dans un coin, les mains sur la tête… un gant tombait sur le sol, le bruit attirait mon attention et les tremblements de mon corps se faisaient plus fort, alors que je le revoyais transpercer le corps de la petite fille blonde… un second gant et les mains dévoilées, les mains pleines de sueur et de transpiration… Petit à petit, les couches tombaient… Faisaient disparaître le costume pour ne laisser apparaître que la femme frêle en-dessous. Celle simplement… La martyr, comme m'avait surnommée la blonde. Celle uniquement protégée du froid par un shorty et un soutien de sport…

Une enveloppe charnelle bien trop faible, alors qu'elle devait être tout le contraire… Une femme qui se mettait à nu physiquement, mais surtout psychologiquement… Qui ne pouvait qu'avoir confiance en cette femme… Que j'avais pourtant… Blessée, touchée en plein cœur avec une simple lettre… Puis le début de la délivrance, lorsque les doigts touchaient ma peau, lorsque je me lovais contre ce toucher si doux, si tendre… Un toucher qui m'avait manqué, dont le souvenir était trop lointain… Un toucher dont j'avais besoin, un toucher réconfortant… "C'est moi… C'est moi… Na-Nat-… Elle m'a montré… Mes gants couverts de… De son… Sang… Disant que je l'aurai fait… Pour elle… Mais je… Je n'ai aucun… Aucun souvenir… J'ai juste…" Puis les mots restaient bloqués dans ma gorge. Seul un mouvement de la tête pour dire que je la suivais… Oui, je la suivrais toujours… Toujours… La salive était difficilement avalée, touchée par cette fatalité mais aussi cette colère, cette haine… Touchée par cette contradiction…

Les mains dans les siennes, je suivais le mouvement… Je me relevais et je restais seule, installée sur le fauteuil… Je restais là, le regard hagard, posé sur les ombres de la nuit, les ombres dessinées par la lune et les obstacles entre eux et le sol… Puis les yeux se posaient sur mes mains, ces mains qui avaient tant retiré ces temps-ci, ces mains meurtrières… Seule, perdue… L'esprit accablé par les démons de ces trous noirs, de ces black-out… Bruce m'avait pourtant dit que ce n'était pas vrai mais… Non, non, ils avaient tort… Je n'étais qu'une coupable, une misérable, une démone… Jusqu'à sentir à nouveau les bras de la blonde, sentir une étreinte si douce, si rassurante… "Je… Depuis avant, j'ai des… Des trous noirs… Je fais des… Des rêves où je tue des gens… Je me réveille, le corps… Couvert de sang…" D'autres larmes, les mains à nouveau accrochées au pyjama de cette femme. J'avais l'impression de n'avoir que ça comme "sol", qu'elle était ma gravité et que, sans elle, j'allais perdre pieds, finir dans un espace où personne ne pourrait me retenir... Natalia ? Natalia serait... Serait-elle... Deux voix s'opposaient : celle de la haine envers Mags disait que Natalia était la seule, l'autre me murmurant de ne pas décrocher de la blonde me rappelait que Mags avait toujours été là... "J'ai mal... Je souffre, je... Je n'en peux plus...  D'être... Fatiguée, d'être... D'être en proie à ces... Ces visions, à ce que je... Je-je fais subir... Je s-s-suis un monstre... J'ai tué... J'ai fait du mal à... Tout le monde... Je..."

La mâchoire serrée, les larmes coulant... Puis l'incompréhension. La compréhension des mots de Mags, mais l'incompréhension de ces visions. De ma vie. Pourquoi... Jamie... Était là, à moitié assoupie comme si elle venait d'être tirée d'un début de sommeil... Et je sentais mon coeur rater un battement... "Je... Deviens dingue... Je... Suis devenue dingue..." Comment... Avais-je pu imaginer telle atrocité...? Je... Tenais bien trop à cette enfant, à sa mère... Je... Que m'arrivait-il...?

Je ne pouvais la quitter des yeux, je l’écoutais, calmement. J’essayais de la rassurer, de la calmer, d’être tout simplement présente pour elle, pour cette rousse. Elle disait n’avoir aucun souvenir, n’avoir vu que ses gants imbibés de sang montré par… Elle. Je serrais les dents, la voyais hocher la tête pour me faire savoir qu’elle me suivrait.

Je ne prêtais pas attention à sa tenue, au fait qu’elle ne soit plus que peu vêtue. Non… Je m’inquiétais. Sincèrement. Je voulais l’aider, la soutenir, j’entendais que les mots qu’elle souhaitait prononcer étaient bloqués…

La voir si faible me faisait mal…

Et même si je la laissais seule quelques instants, je revenais le plus rapidement possible. Je n’arrivais pas à oublier l’image de cette femme si forte au quotidien qui se retrouvait dans une telle faiblesse… C’était… Cela me faisait mal, terriblement mal.

Je l’étreignais, je la serrais doucement contre moi une fois revenue auprès d’elle. Que pouvais-je faire d’autre ? Ses paroles me parvenaient sans difficulté, arrivaient à mes oreilles alors que je ne la lâchais pas.

« - Kate… ce n’est pas toi… »

Je me doutais que je n’étais pas la première à lui dire, à le lui répéter. Mais c’était ce qui me venait, naturellement, à ce moment-là. Je me mordais les lèvres, l’entendant mentionner ses songes…

« - Des trous noirs ? Comment ça ? Tu n’en as jamais eu, avant… Et même si on sait que tu peux prendre la décision de tuer quelqu’un ce n’est jamais sans raison… »

Je frottais doucement son dos.

« - Je ne te lâche pas. »

Une affirmation. Pourquoi l’aurais-je lâchée alors qu’elle était si fragile, qu’elle avait besoin de moi ? Pourquoi l’aurais-je « abandonné » alors que je voulais au plus profond de moi toujours être au près d’elle ?

« - Kate… Je ne sais pas ce qu’il se passe, les raisons faisait que tu te retrouves ainsi… Mais je sais qu’il n’y a eu aucun meurtre de ton fait… »

Je serrais un peu plus. Plus fort, avec plus de poigne, comme si j’avais peur qu’elle ne parte, file ailleurs… J’inspirais doucement, continuais de lui frotter le dos.

« - Tu n’es pas un monstre… C’est normal de ne plus tenir lorsque l’on fatigue. Je… Voudrais pouvoir t’aider, Kate… »

L’une de mes mains se perdant dans la tignasse rousse avant de réaliser que ma fille était présente, que Jamie nous observait. Silencieusement, encore un peu assoupie vu qu’elle sortait – une nouvelle fois – de son lit.

« - Je ne sais pas ce que tu as pu avoir en tête… Mais, elle est là… »

A peine prononcé que des petits bras s’ajoutaient autour de nous, rapidement, à leurs manières. Même si la plus jeune n’hésita pas à faire une remarque sur la « tenue » de Kate, ce à quoi je lui donnais un très léger coup sur l’épaule.

« - Idiote. Si ça t’ennuie tant amène une couverture. »

Un roulement d’yeux de ma part suite à une autre remarque.

« - Non, je ne la lâche pas. Tu n’es pas la seule à mériter des câlins a pas d’heure. »

Avant de me concentrer à nouveau sur la femme que je gardais contre moi.

« - Kate, si tu as besoin de te reposer. Reste ici, dort si tu en as besoin… Reste contre moi si tu le souhaites, même si la marmotte fait de l’analyse à sa manière. Continue de parler, de dire tout ce que tu as en toi… D’exprimer tes doutes, tes craintes… Je reste là. Je reste près de toi… Je ne te laisserais pas. Parce que tu es toujours toi, Kate… Quoi que tu en dises… »

Elle était là. Elle était là. Mags était là. La blonde était à mes côtés, comme à chacune des étapes que l'on a connues, elle et moi, depuis notre rencontre. Elle était là, ce soutien indéfectible. Ce soutien des plus puissants. Ce bouclier face au monde, derrière lequel je pouvais me cacher et montrer qui j'étais réellement. Uniquement sous son regard, sous son jugement... Jugement... Jamais elle n'en a porté un... À part suite à ma lettre. Ma rupture... Ma mise en couple avec Natalia... Ce soir, cette nuit... Elle aurait pu... Elle aurait dû me mettre dehors... Me rejeter, me rappeler que j'avais choisi de ne plus vivre avec elle... Que j'avais scarifié, mon cœur au plus profond, sacrifié mon amour pour elle... Pour qu'elle ait sa fille. Pour qu'elles aient ce que je n'avais plus pu connaître... "Des trous noirs... Des... J'oublie des moments... J'oublie... Je... Je ne sais pas... Je..." J'arrivais à peine à me faire à ce quotidien, à cette vie où je vivais sans être là. Où j'appréciais la compagnie d'une compagne... Sans réellement l'aimer. Ma mâchoire se serrait : non, j'aimais M-... Natalia ! J'aimais la vampire ! Je m'accrochais, me serrais... Le myocarde s'emballait, se contractait puis se décontractait aussi vite… Il se déchirait encore face à ce schisme, face à ces deux voix : celle de Mags, là, maintenant. Celle qui me suivait, même la journée. Celle que j'aimais entendre malgré nos discussions des plus froides...  Et celle de Natalia, de cette femme que j'aimais, réellement, de cette femme qui m'accompagnait nuit et jour, jour et nuit... Qui apparaissait à mes côtés, sur les couvertures de magazines peoples...

Sa main dans mes cheveux, sa présence qui m'apaisait, qui me faisait du bien… Qui m'apaisait même si je n'arrêtais pas de trembler, de voir ce petit corps entre mes mains… Avant de la voir, là, face à moi. Cette petite frimousse blonde, ce regard embrumé par des songes interrompus… Ses bras qui s'ajoutaient à ceux de sa mère, qui serraient avec leur force - moindre mais bien là -… Les larmes bloquaient ma gorge, bloquaient ma voix. J'écoutais, j'assistais à cette scène sans être réellement là. Si elle était en vie, j'avais imaginé la tuer… Pourquoi ?! Pourquoi imaginerais-je avec tant de facilité, avec tant de détails la mort de cette enfant ? "Je… J'ai besoin…" Besoin ? Besoin de quoi ? La tête tournait, tanguait… Même en me redressant, en m'extirpant de la poigne si forte de Mags, je n'y arrivais pas… À remettre les pieds sur terre, à rester droite… À nouveau, c'étaient les bras de la petite fille, des bras minuscules, un corps si petit… Mais un cœur si grand. Un esprit si vif, un esprit digne de celui de sa mère… Une future beauté… Comme Mags… Mes bras, tremblant, entouraient son petit corps… Ils la serraient doucement, ma tête posée sur son épaule… "Désolée de t'avoir réveillée, petite souris… Désolée…" Un léger baiser sur ses cheveux puis, avec toute l'innocence de l'enfance, avec toute la fragilité que représentait cet âge, je la sentais somnoler… Malgré son envie de rester parmi nous, de comprendre pourquoi je l'avais réveillée en criant, hurlant… Pourquoi m'avait-elle retrouvée dans le fauteuil dans les bras de sa mère ? "Tu devrais… - j'essayais de ne pas briser ma voix, de rester droite, forte devant elle - Tu devrais aller te coucher…" Une pression dans mon dos et je comprenais : l'enfant n'avait pas envie de me lâcher tout de suite… Mon cœur se réchauffait et, doucement, je la faisais s'asseoir sur mes genoux… Je ne lui avais rien fait ! Elle allait… Bien, je la voyais, l'observais, là… Un baiser dans ses cheveux blonds, à nouveau…

"Comment… Je… - Jamie somnolait, les yeux fermés - Comment ai-je pu… Me voir la…" Mes paupières, je n'osais pas les fermer. J'avais bien trop peur… Peur du réveil… Si ce n'était qu'un rêve… Un rêve alors que la petite était… Je déglutissais, un bras autour de Jamie, autour de cette enfant dont j'écoutais la respiration, qui ralentissait… L'autre bras se décollait pour que la main se joigne à celle de la blonde à mes côtés, pour serrer sa main dans la mienne. Attraper cette ancre, m'y accrocher… Le mauvais réflexe : passer les doigts entre les siens, s'y agripper, s'y tenir pour sentir sa poigne, sentir que… Que ce n'était pas un rêve ? Mais mes songes semblaient si réels… Cela pouvait simplement en être un autre… "Je… - un souffle, les larmes ne s'écoulant plus alors que la fille de Mags dormait à poings fermés - J'ai des rêves où… Je tue des gens. C'est de plus en plus fréquent… Quand je rouvre les yeux, je suis… En tenue de Batwoman et j'ai du sang sur moi… Je suis dans un autre quartier… Et je ne sais pas comment… Comment j'y suis arrivée…" Bruce et moi avions eu plusieurs hypothèses : la DEO m'avait changée pour que je sois sous leur joug, suite à ma trahison en utilisant la "capture" de Batman pour sauver ma sœur… Ou de l'hypnose. Sauf que, lui comme moi, nous n'arrivions pas à comprendre comment cette hypnose fonctionnait. Ni lui, ni moi, nous ne mettions le doigt sur le déclencheur. Il y en avait toujours un… toujours et pourtant, deux des esprits les plus vifs de Gotham - d'autres étaient plus perspicaces que nous mais, à deux, nous savions faire des miracles - n'arrivaient pas à mettre le doigt sur ce moment. Ce moment que, pourtant, je devais vivre tous les jours. "Je ne sais pas, Mags… Je ne sais plus… J'ai peur de… De réellement blesser Jamie… - la main se serrait dans la sienne - De te faire du mal… J'ai peur… Peur de faire du mal à ceux qui me tiennent tant à cœur…"

Je ne bougeais pas, je restais près d’elle, près de cette femme qui était ébranlée, près de celle que… j’aimais toujours, même si je ne le disais pas. Je ne pouvais pas la laisser, non, et encore moins la laisser livrée à elle-même. La mettre à la porte n’avait même pas effleuré mon esprit. Non. Je m’étais seulement inquiétée et c’était toujours présent. Oui. L’inquiétude ne s’en allait pas…

J’inspirais doucement, frottais son dos alors que je la sentais se serrer, s’accrocher. Que pouvais-je faire d’autres ? Hormis lui montrer que j’étais là, que je n’allais pas fuir, m’en aller au loin. Son odeur que je percevais, je continuais mes caresses dans ses cheveux. Je n’arrivais pas à la lâcher… Et ce malgré la présence de Jamie, de ma fille qui nous observais, restait présente…

Jusqu’à ce qu’elle ne se dégage, qu’elle s’occupe de la petite qui somnolait et se laissait faire. Je les observais, silencieusement, souriant légèrement. Je ne pouvais m’empêcher de fondre en les regardant, malgré les explications données auparavant, malgré le fait que nous n’étions plus ensemble.

Ce regard se perdant sur elle, sur ce corps si puissant et qui montrait aisément sa fragilité, qui rassurait Jamie, parlait, mentionnait le fait qu’elle se demandait comment elle avait pu imaginer faire du mal à l’enfant. Je l’écoutais toujours, serrais sa main que je sentais. Fortement. Je ne voulais plus la lâcher du tout.

« - Tu vois, elle est en forme… Même si elle s’endort sur toi, elle a dû trouver un coussin agréable. »

Une taquinerie à la fin, je gardais sa main dans la mienne.

« - Des rêves qui te semblent réels… »

Je réfléchissais, faisais fonctionner mes méninges, qu’est-ce qui faisait que…

« - Tu n’es pas somnambule, je le saurais sinon… »

Nous pouvions déjà mettre cet élément de côté, l’oublier même. De plus, elle ne finirait pas ensanglantée si elle ne faisait que marcher sans but et encore moins dans sa tenue de Batwoman. Non… Il devait y avoir autre chose.

« - Une sorte d’hypnose qui te ferait oublier que tu fais quelque chose ? Que ton corps se mette à se mouvoir par lui-même… Mais il faut quelque chose pour la déclencher normalement… »

Réfléchit, réfléchit.

« - Est-ce qu’il y a un élément AVANT que tu aies tes trous noirs ? N’importe lequel. »

Une piste, il me fallait une piste pour pouvoir mettre le doigt sur ce qui posait problème. Mais si elle n’avait pas trouvé, elle-même, est-ce que… Oh et puis j’en étais tout aussi capable de prendre tout en compte !

« - Kate. »

La main qui serrait un peu plus fort, je me penchais pour déposer un baiser sur les cheveux de ma fille qui… S’était endormie.

« - Tu es devenue le lit attitré de Jamie… »

Je secouais la tête…

« - Mais ce n’est pas ce que je voulais dire… Non. Je veux t’aider, Kate. Je veux… Essayer de trouver avec toi, et n’importe qui d’autre, ce qu’il se passe. J’ai confiance en toi, Jamie aussi… Et nous ne devons pas être les seules. »

J’inspirais, utilisais ma main libre pour caresser légèrement sa joue.

« - Tu aurais pu à de nombreuses reprises… Et tu ne l’as pas fait. Si l’on omet cette toxine que tu m’avais injecté à un moment et que tu t’es injecté à toi-même ensuite… Tu n’as jamais fait de mal à ceux auxquels tu tiens. Tu fais même tout le contraire… Tu penses à eux. »

C’était connu, réellement. Je continuais de la regarder, posant mes prunelles sur les deux êtres à mes côtés.

« - Laisse-moi t’aider, Kate… Laisse-moi être à tes côtés… »

Ma tête se secouait alors que je l'écoutais. Tout comme Bruce et moi, elle pensait à l'hypnose. C'était ce qui semblait le plus logique… Sauf que rien ne me venait, rien d'anormal. Rien ne me semblait être le déclencheur… L'image de Natalia s'immisçait dans mon esprit avant de disparaître… Pourquoi ? Doucement, lascivement, une douleur naissait au coin de mon crâne, une douleur aigue, claire… N'importe lequel… Un élément… L'image de la vampire clignotait, encore et encore… La douleur grandissait, à force que son visage s'affichait derrière mes paupières. "Non, rien… Je… Je ne me souviens pas vraiment en fait… C'est… Je suis à l'appartement, je me prépare pour mes rondes et…" Je n'arrivais pas à m'en souvenir, à me rappeler… J'étais à l'appartement, je me préparais et puis… Rien. Je discutais rapidement avec Natalia et c'était tout. Un soupir avant de relever le regard vers elle en entendant mon prénom, en souriant doucement au fait d'être le lit de la petite blonde. "Ça ne me dérange pas. Elle n'est pas lourde." Le sourire en coin, le cœur plus léger avec des instants plus naturels… Un sourire qui disparaissait petit à petit, concentrée sur ses mots, sur sa main sur ma joue… Mon regard se baissait, encore honteuse de lui avoir fait subir cette torture, de l'avoir vue souffrir jusqu'à m'en injecter pour comprendre sa douleur, pour pouvoir être une réelle épaule sur laquelle elle pouvait se poser parce que je pouvais saisir, désormais, la souffrance de cette toxine…

Penser à eux… Sûrement de trop. Bien trop, au point de me sacrifier pour elle, pour son bonheur… De nous faire du mal pour que l'enfant soit heureuse. Si j'avais été égoïste, j'aurais eu trop peur de retourner dans le même cercle infernal qu'avant la prise du costume de Batwoman, lorsqu'alcool et coup d'un soir régissaient ma vie… Un épisode de débauche échangé pour une vie d'héroïne au service du Bien, pour éviter que d'autres enfants vivent les mêmes plaies. "Je… - le regard se posait sur elle, se rendait compte de cette proximité, de la présence si forte de la blonde mais aussi celle de sa fille - Je devrais aller coucher Jamie…" Ma main se défaisait de la sienne et je soulevais ce petit être innocent, si adorable et profondément assoupi, pour l'emmener jusqu'à sa chambre et la poser sur ce lit. Un sourire, très léger, je ne résistais pas à l'envie d'embrasser son front après l'avoir bordée. Elle était heureuse… C'était tout ce qui comptait. Tout. "Dors bien, petite souris." Je sortais ensuite de sa chambre pour retrouver Mags dans le salon, le regard posé sur ses mains qui n'avaient plus de sang. L'esprit à nouveau clair, la peur et le cauchemar partant au loin… J'étais… Sereine. Réellement sereine et calme. "Merci." Un simple mot, qui demandait beaucoup de courage mais qui était si facile à exprimer auprès de mon ex-fiancée. Un simple mot prononcé en m'asseyant à ses côtés. "Je n'aurais pas su me calmer, si tu n'avais pas été là… Alors, merci."

À nouveau, le coeur se brisait en deux : haine et amour. dégoût et envie. L'envie de me blottir à nouveau, de profiter un instant d'être entre ses bras, surtout au vu de l'absence de Jamie. Le dégoût de... De me blottir. Le dégoût que je ne comprenais pas. Je n'en avais jamais ressenti et, depuis plus ou moins le même temps de ces blackouts, je ressentais cette vive répulsion envers la blonde... Mais cette autre voix... Elle était de plus en plus forte, de plus en plus présente. "Tu me manques." Trois simples mots. Trois petits mots. Ils semblaient anodins mais ils exprimaient l'une de ces dualités en moi, l'un de ces mal êtres encore et toujours présent en moi. Trois mots qui mettraient dans la discorde d'une potentielle amitié, d'un lien autre que nos fiançailles, que ce couple que nous avions formé... "Pardon, je... Je devrais plutôt partir. Rentrer chez moi et ne plus te déranger, tu dois être fatiguée... Je vais remettre mon costume et partir. Encore... Merci."