healing powers

Aller au marché noir était une des rares sorties régulières que faisait Ivy. C'est là-bas qu'elle gagnait de l'argent, notamment en vendant divers poisons sous le manteau. Il fallait bien vivre, et le sien était bien entendu le meilleur du marché. Une fois le fric en poche, la rousse faisait le tour des commerces à son tour. Parfois pour y chercher quelque chose de particulier, parfois juste pour jeter un œil. Elle en profitait également pour laisser trainer ses oreilles si une conversation lui semblait instructive, sinon elle passait simplement son chemin. En tout cas, lorsqu'elle quittait les lieux, ça se voyait. Les rues étaient plus propre et les rares coins de nature retrouvaient leur beauté. Il lui arrivait d'ailleurs de les réveiller pour se jeter sur les passants afin de leur apprendre les bonnes manières vis-à-vis des plantes, ou de les ramener chez elle. Quoi qu'il puisse se passer dans cette ville, le plus important resterait à jamais le bien-être et le bonheur de la nature. Elle était si belle, si douce, si fragile... Personne n'avait le droit de s'en prendre à ce qui était discret sous prétexte que ça pouvait rapporter de l'argent ou que ça gênait. Comment ce qui entretenait la vie pouvait-il gêner d'ailleurs ?

C'est sur le chemin du retour, alors que Ivy quittait l'allée principale qu'elle se fit attaquer. Les raisons lui important peu, elle se contenta d'utiliser des toxines pour les tuer, avant de faire apparaître des lianes puissantes et résistantes comme une extension de ses bras et se battre contre le nouveau groupe qui apparut devant elle. Mais qu'est-ce qu'ils lui voulaient ? Ça ne faisait pas un peu beaucoup d'hommes pour s'en prendre à une lady comme elle ? Quelle manque de savoir-vivre, encore ! Cependant, alors qu'Ivy combattait vaillamment à l'aide des plantes qu'elle invoquait, une nouvelle personne rejoint la rixe. De toute évidence, il n'était pas avec ceux d'en face puisqu'il se mit à les attaquer. Sauf que la rouquine ne le connaissait pas. Pourquoi venait-il s'interposer entre elle et eux ? Et qu'on ne vienne pas lui parler de chevalier servant, elle n'en connaissait qu'un et il ne portait pas ce costume. Légèrement distraite par cette aide, Ivy se fit blesser à l'épaule, ce qui eut pour effet de l'énerver au plus haut point. Très bien ! Fini de jouer, place à la mort ! Ne se souciant plus de rien ni personne, elle fit apparaitre d'immenses plantes carnivores qui gobèrent ses adversaires sans ménagement. Voilà ! Elle aurait du commencer par là finalement ! Le visage toujours déformé par la colère, elle se retourna vers son allié non voulu. Ce dernier était à terre, mais vivant. Ivy se dirigea vers lui. « J'imagine que vous vous attendez à ce que je vous remercie ? Mais comme vous pouvez le constater, je n'ai besoin de personne. » déclara-t-elle sur un ton relativement froid, à l'image de l'asociale qu'elle était. Néanmoins, en y regardant de plus près, la rouquine s'aperçut qu'il avait été bien éprouvé par le combat. Du sang maculait ses vêtements, au point qu'il était difficile de dire à quels endroits précisément il avait été touché. Finalement, l'homme finit par s'évanouir. Ivy soupira... C'était bien sa veine ! Que faire ? L'abandonner ? L'idée était tentante. Elle n'avait aucune envie de se rajouter ce fardeau sur les épaules. Néanmoins... il avait tenté de l'aider, même si elle n'en comprenait pas les raisons et qu'elle n'avait rien demandé. Laissant échapper un soupire, Ivy créa un cheval de lianes et mit l'homme inconscient dessus. Elle n'était peut-être pas la femme la plus sympathique au monde, elle n'était pas ingrate pour autant.

Une demi-heure plus tard, elle installait l'inconnu sur une natte faite de plantes et de fleurs. Elle lui retira ses vêtements, chercha les blessures et le soigna. Elle nettoya le sang, lui posa ses meilleurs cataplasmes sur les plaies et lui fit ingérer quelques gouttes d'un fortifiant qu'elle créait elle-même pour l'aider à guérir plus vite et à renforcer son corps contre les chocs qu'il avait subis. Elle le recouvrit ensuite d'une couverture et partit s'occuper de ses plantes à quelques mètres de là.

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Maintenant qu'elle s'était occupée de l'homme qui avait voulu l'aider et qu'elle s'était intéressée à ses flèches, Pamela était partie dans la pièce d'à côté : la roseraie. Là, elle s'occupa de ses fleurs particulièrement magnifiques, les taillant, les arrosant et leur parlant. Elle eut d'ailleurs une grande conversation avec celles-ci, partageant des idées et des rires. Certains la disaient folle lorsqu'elle se mettait à discuter avec la nature, mais c'était parce que les plantes ne leur parlaient pas à eux. La nature est délicate, intelligente, indépendante, puissante, et aussi bienveillante que dangereuse. Comme elle. C'est pour ça qu'elles avaient pu entrer en symbiose si aisément. Parce qu'elles se comprenaient, partageaient les mêmes valeurs. Combien de temps passa avant que Ivy décide d'aller voir ses autres enfants ? Elle ne saurait le dire. Elle ne comptait jamais le temps qu'elle passait avec eux. A vrai dire, elle en avait même oublié son invité, trop occupée qu'elle était à prendre soin de ses plantes. C'est en repassant dans la serre qu'elle fut attirée par du mouvement sur le côté, là ou elle avait improvisé un lit de fortune pour le soigner. « Alors ça y est, le sauveur de ces dames est de retour parmi les vivants ? » demanda-t-elle dans un sourire sarcastique, vu qu'en l'occurrence, c'était elle qui l'avait tiré d'un mauvais pas. Non sérieusement, il était venu pour l'aider alors que de toute évidence il n'en était pas capable. Si pour certains c'était là le signe d'un cœur héroïque, pour elle ça démontrait surtout de la stupidité. Cela dit, son arc et ses flèches étaient forts intéressants. Elle avait analysé quelques-unes des flèches et comprit qu'elles possédaient toutes une particularité. Son esprit génie se prit directement à imaginer qu'elle pourrait en fabriquer des empoisonnées ou des assommantes. Mais pourquoi lui en créerait-elle ? « Vous savez, un bon joujou ne suffit pas à faire du porteur un excellent combattant. » continua-t-elle sur sa lancée. La rouquine ne comptait apparemment pas s'arrêter de le rabaisser. Mais après tout, pour l'avoir soigné, l'asociale qu'elle était avait bien le droit de ne pas se montrer aimable. « D'ailleurs, qu'est-ce que vous vous faisiez là-bas ? » Parce que la ruelle dans laquelle avait eu lieu l'attaque n'était que peu fréquentée. C'était donc étrange qu'il apparaisse là en même temps que ses adversaires. Peut-être y avait-il anguille sous roche ? A voir. De toute façon, à poil et sans arme, il n'irait pas loin.

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Bon, au moins, même s'il ne possédait apparemment de pouvoirs particuliers, il était assez solide pour ne pas tomber dans le coma ou mourir sur ce lit de fortune. Bien sûr, elle aurait trouvé une utilisation à sa dépouille s'il avait passé l'arme à gauche, mais en l'occurrence ce n'était pas le cas. Et même si elle n'aimait pas spécialement les humains et encore moins les hommes, ce dernier avait tenté de l'aider alors... pourquoi pas voir jusqu'où cette rencontre pouvait les mener ? L'entendant s'agiter et sa respiration reprenant le rythme plus rapide d'une personne réveillée, Pamela devina qu'il avait quitté les bras de Morphée lorsqu'elle entra dans la pièce. Sans se départir de son mépris envers le sexe masculin - rares étant ceux qui méritaient qu'elle les traite sur un pied d'égalité - la rouquine lui lança une petite pique, histoire de montrer qu'elle savait qu'il ne dormait plus. « Bien oui, voilà où ça mène la galanterie. » répondit-il, un sourire en coin. A voir s'il continuerait de se montrer si joyeux après un tête-à-tête avec elle. Quoi qu'il en soit, Pamela leva les yeux aux ciel avant de les fixer à nouveau sur le blessé. « Oui, où la stupidité. C'est selon le point de vue. » asséna-t-elle sans aucune compassion, insensible à sa tentative de... socialisation ? A la place, elle voulut plutôt savoir pourquoi il s'était mêlé de ses affaires. Sérieusement, est-ce qu'elle venait enquiquiner les autres elle ? L'homme lâcha alors un soupir avant d'expliquer ce qui l'avait poussé à la suivre et à se battre à ses côtés. « Je vous ai confondue avec une amie... Vous avez la même couleur de cheveux... Et donc... Vous vivez dans des marécages puis... Vous parlez aux plantes ? Je n'ai rien contre, j'aime la nature. Disons que c'est juste surprenant, c'est rare de croiser une personne qui est plus douce avec les plantes qu'avec les humains. » Une amie qui avait la même couleur de cheveux qu'elle ? C'est tout ? L'empoisonneuse le regarda de biais, méfiante. C'était bien mince comme raison. Et le fait qu'il se mette à parler de sa relation avec ses plantes lui paraissait suspect, comme s'il cherchait à changer de sujet. Devait-elle lui laisser le bénéfice du doute ou l'achever et passer à autre chose ? La seconde option semblait intéressante, puis elle se souvint de l'armement que l'homme avait sur lui au moment où elle l'avait récupéré, un arc et un carquois avec des flèches aux diverses utilisations. Sa curiosité prit donc le dessus. « J'ai vu vos armes, et plus spécifiquement vos flèches. Vous êtes quoi ? Une sorte de Robin des bois des temps modernes ? » s'enquit-elle, voulant aussi jauger de sa sincérité. Puis alors qu'il répondait, elle reprit aussitôt derrière pour poser une autre question. « Et comment s'appelle cette fameuse amie ? » En lui emmêlant les pensées en lui demandant des choses qui n'avaient rien à voir les une avec les autres, et en le forçant à répondre vite, Pamela s'assurait qu'il dise la vérité. Car inventer des mensonges demandait un minimum de réflexion, ce qu'elle ne lui donnait pas. Ainsi, elle pourrait savoir si elle pouvait lui accorder une confiance relative où non.  

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Pamela n'avait jamais été du genre à attendre l'aide des autres. Depuis toute petite déjà, sa maladie la forçait à rester chez elle et elle n'avait jamais eu de contact fréquent avec le commun des mortels. Seule sa mère était présente à ses côtés, et la laissait parfois sortir dehors lorsque son père était absent. Mais ça n'allait pas plus loin que le jardin. Et puis son géniteur avait assassiné sa mère, la seule personne en dehors du médecin de famille en qui elle avait confiance, et qui se souciait d'elle. Sa mère enterrée et son père en prison, Pamela fut recueillie par un proche parent avant de partir faire ses études à Seattle. Un malheur n'arrivant jamais seul, son professeur utilisa sa passion pour la botanique et sa candeur pour faire des expériences sur son corps. Et lorsque les choses ont mal tournées, il a pris ses jambes à son cou pendant qu'elle passait des mois à l'hôpital. Autrement dit, faire confiance aux autres avait toujours été une très mauvaise idée. Or la rouquine apprenait vite, et pas seulement parce qu'elle était un génie. On l'avait trahie une fois, ça ne se reproduira pas. Et puis Pamela n'aimait pas les prétendus chevaliers servants. Déjà parce qu'ils n'existaient pas, et puis parce qu'elle trouvait cela terriblement agaçant. En l'honneur de quoi une femme était incapable de se défendre par ses propres moyens ? Elle était bien contente que cet idiot se soit pris une raclée et que ce soit elle qui soit là pour le soigner. Alors, qui était le sexe fort maintenant ? « D'accord, la stupidité de ma galanterie. » Ah ! Voilà qui était mieux. Pamela eut un sourire, satisfaite qu'il reconnaisse les faits tels qu'ils étaient plutôt que de tenter de garder la face. Au moins il n'avait pas d'orgueil mal placé. Ou alors il avait vu de quoi elle était capable, et craignait de finir en engrais s'il insistait trop.

Sautant du coq à l'âne, la rouquine évoqua finalement son arc et ses flèches. Une belle technologie, et elle s'y connaissait ! Son esprit inventif ne pouvait d'ailleurs s'empêcher de songer à des innovations. Des flèches empoisonnées paraissaient évidentes, mais elle pourrait faire tellement plus ! « On m'appelle Hawkeye, voire Œil de faucon. J'ai un don pour ne jamais rater ma cible et... Bien j'ai grandi dans un cirque, donc j'ai eu tout le temps d'apprendre. » Un don pour ne jamais rater sa cible ? Voilà qui était intéressant. Et s'il venait d'un cirque, il devait avoir d'autres talents. « Intéressant. Très intéressant... » déclara-t-elle. Néanmoins la rousse se parlait à elle-même, comme très souvent. « Natasha, et vous ? » répondit ensuite l'archer. Mais ce nom ne lui disait absolument rien. Le contraire eut été étonnant cela dit. Elle ne sortait jamais - ou presque - de sa serre, et même lorsqu'elle le faisait, elle ne prêtait guère attention aux autres. Leur misérable vie ne l'intéressait pas, si ce n'est que leur simple existence la dérangeait car elle avait un impact négatif sur la nature. Par contre, lorsqu'il lui demanda son nom, Pamela croisa les bras en le toisant. Avait-elle envie de lui dire et, par la même, de faire connaissance ? Pas vraiment. Elle n'avait pas un caractère amical, et ne comptait pas non plus faire des efforts pour en avoir un. « Appelez-moi simplement Ivy. Poison Ivy. » C'était tout ce qu'il avait besoin de savoir : qu'elle était dangereuse et qu'il valait mieux ne pas se la mettre à dos. « Comment vous sentez-vous ? » demanda finalement l'empoisonneuse, pour jauger où en était son état de guérison. Car il était bien mignon et elle était intéressée par son arc, mais elle ne comptait pas faire garderie non plus... Elle avait déjà Fenrir, et lui au moins se changeait en loup. Et il ne jouait pas les sauveurs en pensant qu'elle était une petite fleur fragile, non, il avait su tout de suite qu'elle était vénéneuse comme les plantes qu'elle cultivait.

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La plaisanterie n’était pas le point fort de Pamela, loin s’en faut. Le sarcasme oui, la malice aussi, mais les blagues vaseuses… Non ! Or elle semblait avoir un spécialiste de la vanne juste sous ses yeux, ce qu’elle considérait plutôt comme de la malchance. Si elle avait été dans un mauvais jour, sûre qu’elle aurait pu l’étrangler pour ça. Mais elle était plutôt de bonne humeur et, même si sa tentative de la secourir avait été aussi inutile que raté, Ivy appréciait le geste. Cependant elle était davantage intriguée par son arme que par lui, ce qui ne l’empêcha pas de lui poser des questions personnelles. Après tout, toute information était bonne à prendre vu qu’elle sortait rarement. Sans nécessairement chercher à forger des alliances ou à se faire des ennemis, échanger quelques mots ne la tueraient pas. Enfin, en principe. En tout cas, pour quelqu’un qui ne ratait jamais sa cible, il avait bien mangé la poussière. Ivy en riait intérieurement, même si ce n’était guère courtois vis-à-vis de ce gentleman. Mais quelle importance ? Ce n’était pas comme s’il pouvait lire dans ses pensées. Finalement, l’archer lui demanda qui elle était et, plutôt que d’utiliser son nom civil, Pamela opta pour son nom de « super vilaine » histoire qu’il comprenne à qui il avait affaire, dès fois que son esprit blagueur ne l’ait pas encore intégré. Poison Ivy, autrement dit le nom d’une plante, le sumac vénéneux. Rien de mieux comme présentation pour mettre de l’ambiance, non ? Le blessé reprit alors la parole. « Enchanté Poison Ivy, ça vous va très bien et j'espère ne pas vous offensez, sinon oui... Je vais mieux, j'ai l'habitude de me soigner seul... Mais sans vous... Bref... Comment je peux vous remercier ? Mise à part ne revenez jamais ! » Qu’il trouve que son nom lui aille si bien, la rouquine ignorait si c’était un compliment ou non venant de lui, mais elle décida que ce serait le cas. Quant au fait qu’il aille mieux, elle n’en doutait pas un instant vu les cataplasmes puissants qu’elle lui avait concocté. Les plantes provenaient des meilleures qu’elle possédait, et elle était passée experte en confection médicinale. En revanche, la dernière partie de sa phrase lui fit hausser un sourcil. « Pourquoi ? Vous prévoyez de revenir ? » se renseigna-t-elle, ne sachant si elle devait s’étonner ou s’inquiéter de ses paroles. Une chose était sûre cependant, Ivy pouvait lire dans le regard de son convive qu’il affichait une réelle crainte mêlée de respect envers elle. L’archer sentait bien qu’il était entièrement entre ses mains malgré ses pitreries, et il tentait de se montrer aussi naturel et aimable que son courage le lui permet d’être. Cet homme en était d’autant plus intéressant…