J’avais retrouvé l’institut dans cette ville qui n’était pas la mienne ainsi que d’autres personnes, des êtres que j’avais côtoyés, que j’avais pu ou non voir s’épanouir dans certains cas. Cet endroit où se trouvaient ceux que j’appréciais malgré les hauts et les bas, les difficultés, nos divergences… Des divergences également présentes avec d’autres personnes, des êtres qui étaient également des mutants, mais qui souhaitaient autre chose… Qui avaient d’autres aspirations. Pourtant, il arrivait que celles-ci se rejoignent malgré tout, que nos idéaux soient identiques, mais que la manière de faire diffère drastiquement.

D’après ce que j’avais appris quelqu’un venait fréquemment devant l’institut avant de s’en aller, semblant attendre quelqu’un ou quelque chose ou chercher l’un des êtres qui devrait s’y trouver. Chaque semaine, quelqu’un venait, un être différent… et de fil en aiguille les suspicions commencèrent sur qui elle était… Après tout, nous connaissions une métamorphe, une personne pouvant aisément changer de forme afin de passer inaperçu, ne pas se faire remarquer, disparaître dans la masse.

Était-ce elle ?

Je regardais en direction du trottoir, de l’endroit où la personne apparaissait… Où une forme se dessinait. Une nouvelle fois quelqu’un regardait en direction de l’institut. Pourquoi ? Aucune idée… Mais si c’était elle plusieurs possibilités étaient à prendre en compte. C’en était presque instinctif, les nuages s’amassèrent petit à petit dans les cieux donnant cette teinte grisée caractéristique au ciel avant un orage… Je sentais cet élément, comme d’habitude, le modelait à ma convenance alors que mes yeux devenaient blancs, montrant clairement que j’employais le pouvoir lié à ma mutation.

Le vent s’élevait, lentement au départ, avant que l’éclair ne tombe là où elle se trouvait. A l’emplacement exact avant qu’elle ne s’élance plus loin. Son agilité était reconnue après tout… J’avançais, un pas devant l’autre, ne la quittant pas du regard. J’aurais pu m’envoler, sans aucune difficulté, mais actuellement je n’en voyais pas l’utilité. Non. J’approchais seulement de celle qui avait réussi à m’éviter, réduisant la distance entre nous, l’entendant.

« - Que fais-tu ici ? »

Ma voix tonnait, tel l’orage grondant toujours, alors que je la fixais… Que l’électricité devait emplir l’air un peu partout, rendre statiques certains éléments. Je ne détournais pas le regard, le mien entièrement translucide, alors que je croisais les bras.

« - Depuis quand sommes-nous amies ? »

Ce mot sonnait étrangement, venant d’elle au vu de nos relations. Nous n’étions que rarement dans le même camp et même lorsque c’était le cas nous étions diamétralement opposées. Même si je devais avouer qu’on entendait peu parler d’elle actuellement, qu’elle était étrangement calme, tellement que ça en devenait… Louche. Mais je devais me faire des idées… Sûrement. Les aprioris étaient bien trop simples, tout comme le fait de se dire qu’elle faisait peut-être diverses choses sur le côté, que nous ne pouvions pas voir.

Non. Il ne fallait pas que je commence ainsi. Il était possible qu’elle soit réellement plus calme qu’à l’accoutumée, qu’elle soit « honnête »… Avant d’entendre cette remarque par rapport au trottoir, ce « surnom » qu’elle nous donnait également avant de « se rattraper » même si je ne doutais pas une seule seconde qu’elle l’avait fait exprès.

« - Non, le trottoir ne nous appartient pas. Tu as tout à fait raison sur ce point par rapport au fait que tu peux, effectivement, te trouver à cet endroit… »

Je me trouvais à présent à une certaine distance d’elle, assez pour la voir tout en restant en retrait. Je n’allais pas la saluer en lui faisant la bise ou en lui serrant la main, il en était hors de question. De plus, je m’attendais à tout avec elle dont aux coups bas, ces moments où la traîtrise pouvait apparaître. Je savais parfaitement que même parmi les X-Men cela arrivait, que le Professeur n’était pas exempt de défaut… Après tout, tout le monde le savait chez nous : « Le Professeur ment » Cela ne m’empêchait pas d’avoir suivit cet homme… D’avoir rejoint les X-Men… De m’être occupé d’étudiants à l’académie…

Puis je voyais son doigt pointé en direction de mes bras, cette demande par rapport aux éclairs… Oh, elle avait probablement retenu que mon humeur influait un peu trop sur la météo environnante. Comme si j’allais l’écouter sagement… Sauf qu’un ajout, celui lié au Professeur, fut fait. Mince… Cela changeait légèrement la donne. Je ne savais pas si sa mission continuait ici ou si elle n’était liée qu’à notre monde… Après tout, si nous étions là… D’autres mutants devaient également l’être. Alors… Elle me mettait à mal… Que dirait-il ? J’aurais sûrement droit à des remontrances… Pourtant elle restait…

Hm… Bon. Autant éviter de la transformer en mutante rôtie, même si l’envie fut d’autant plus grande lorsqu’elle mentionna T’Challa. Des grésillements se firent entendre tout autour de moi, nous avions fait nos choix, nos vies étaient diamétralement différentes actuellement, cela faisait un moment même que nous avions rompu, divorcé. Alors pourquoi fallait-il qu’elle remette cela sur le tapis ?

« - Tu ne peux t’empêcher d’aller dans l’exagération on dirait… »

Je dépassais les limites de l’institut, me rendais sur le trottoir, sur cette zone où elle avait autant de droit que moi. Je faisais ce que je pouvais pour m’apaiser, mais sa remarque avait fait redoubler le vent, montrant qu’elle avait touché un point sensible.

« - Ne parle plus de lui. »

Même si j’accourais pour l’aider s’il le fallait, que nous étions restés « ami », ce genre de réflexion me blessait, me rappelait une période… Compliquée. Où la colère était omniprésente, où je me retrouvais léguée à devoir rester sur un trône sans faire grand-chose… Où je m’ennuyais à mourir alors qu’il fallait que je sorte. Je prenais sur moi, calmais les grésillements, mais le ciel restait gris… Mon humeur toujours assombrie alors que je tendais la main vers elle, la frôlant… Alors que j’étais encore statique. Ce que j’avais totalement oublié… mais les mots d’excuses étaient difficiles à prononcer. Réellement.

« - Dis-moi, pourquoi, est-ce que tu viens ici ? Ce n’est pas la première fois… Et tu ne te gênais pas pour piétiner ce que l’on nomme propriété privée auparavant alors pourquoi attendre sur le trottoir avant de te détourner ? Si je me fie au temps que tu prends, tu attends quelqu’un… Est-ce que je me trompe ? »

Pourquoi tentais-je de comprendre ? Je préférais laisser le doute planer, me dire qu’elle n’était pas là pour nous espionner… Même si c’était l’une des éventualités. Alors, j’attendais sa réponse, reculant légèrement le temps que toute l’électricité accumulée ne s’en aille.