Il y a longtemps... Douze milles ans avant Jésus-Christ... Cinq déesses décidèrent de créer une nation. Un nouveau peuple de femmes. Des femmes combattant pour leurs idéaux. Ces déesses n'étaient autre que : Hestia, Aphrodite, Déméter, Athéna et Artémis. Elles se rendirent aux Enfers et découvrirent, dans la Grotte des Âmes, celles de femmes. Femmes tuées injustement par la main d'hommes. Toutes les cinq, elles utilisèrent leurs pouvoirs pour rendre la vie à ces femmes, à ces âmes. La première à se relever, fut Hippolyte, Reine de ce nouveau peuple. La seconde fut Antiope. La seconde en charge. Mais de toutes les âmes, elles en laissèrent une. Une qu'elles allaient garder pour plus tard. Pour un but différent, plus grand...


L'orage grondait, mais aucun éclair n'était à l'horizon. Des claquements résonnaient dans le ciel, des explosions... Jusqu'à ce qu'enfin, un éclair fendit le ciel. L'illumina de toute sa splendeur et couvrit les pleurs des bébés. Un garçon, Jason, confié à Glaucus, membre des Argonautes. Une fille, Diana, dont les origines ne seraient que modifiées. Effacées et réécrites. Diana, fille d'Hippolyte. Mais aussi celle de Zeus. Celle du Dieu des Dieux. Du Souverain. De celui s'asseyant sur le Trône d'Olympie. Ses origines divines furent cachées, modifiées. Pour ne pas que Héra, femme de Zeus, ne s'attaque à elle. Ni à son frère, caché loin des Amazones. Elle devint simplement Diana. La fille d'argile, née grâce à cet éclair. Cette Amazone que Hippolyte fit en sorte de rendre parfaite.


Je suis l'enfant faite d'argile. L'Amazone qui, de l'argile, devint un être fait de chair et de sang. Dont les éclairs divins de Zeus lui donnèrent la vie. Celle que les autres moquaient de par cette origine des plus "abjectes" à leurs yeux. Je n'étais pas "vraie", je n'étais qu'un objet auquel on avait donné la vie. Au départ interdite d'entraînement, ma "mère" souhaitait me garder de côté. Approfondir ma sagesse et ma connaissance, tout en délaissant l'art du combat. L'art de la guerre, en théorie, n'avait aucun secret pour moi. L'histoire des Amazones, je la connaissais presque par coeur. Mais je trépignais, je râlais. Je voyais les autres qui combattaient, qui tirant des flèches... Je les admirais. Le choc entre la lame et le bouclier. L'arc bandé avec ce léger bruit provenant du bois qui s'étirait. C'était une danse, où les deux partenaires agissaient mais réagissaient en même temps. Un coup d'un côté, le lever du bouclier de l'autre... Un pas sur le côté, alors que le coude s'élevait pour dévier le bras de l'adversaire... L'Amazone en moi hurlait, criait. Elle se plaignait de ne pas participer à ce genre d'entraînement, à ne pas apprendre l'art primaire du guerrier. La base de notre peuple. Oh, j'avais bien essayé de réinterpréter les mouvements depuis mon coin. De les imiter mais ma mère me retombait dessus. Me ramenait à mes lectures. Jusqu'au jour où, lassée de me voir ainsi cloitrée, enfermée tel un puma dans une cage, ma tante - Antiope - décida de m'instruire.

En secret, nous combattions. Alors qu'en journée, j'apprenais l'art de la guerre sur papier, le soir, j'apprenais le vrai, avec ces épées en bois, avec cet arc... Ma tante m'entraînait durement, souhaitant que je sois la meilleure. Que je montre à ma mère la guerrière-née que j'étais déjà en ce temps. Que je valais mon titre de "Princesse Amazone". Une tradition que je respectais à la lettre. Que j'appréciais et que j'attendais, dès lors que nous cessions nos séances. Jusqu'au beau jour où ma mère nous surprenait en pleine session. Je me souviens encore de ce regard, froid, lourd de sens... D'abord porté sur moi. Qui me glaça le sang. Me figea sur place. Puis sur ma tante, qui ne perdait pas de son assurance. Elle vanta mes mérites durant de longues minutes. Des mots étaient échangés entre les deux femmes. Finalement, elle céda... Elle accepta. A une condition : mon entraînement devait être encore plus rigoureux que celui des autres. Que l'on soit impitoyable avec moi, même si ce n'était que du faux. Que cela n'était pas sérieux...

L'entraînement porta ses fruits. On le découvrit lors d'un tournoi. Un homme était tombé du ciel dans ce qu'il appelait un avion. Il avait eu un crash et, sévèrement blessé, nous l'avons accueillis sur les terres de l'île du Paradis et l'avons soigné. Cet homme était intrigant. Avec son arrivée, une curiosité énorme s'était emparée de moi. Celui de découvrir son monde. Celui des avions, celui des armes à feu si étranges, celui des Hommes ! Alors, lorsque ma mère organisa un tournoi pour déterminer qui l'accompagnerait, j'y ai participé. Oh, bien sûr, elle était contre mais, toutes avec nos casques sur la tête, elle n'en saurait rien. Elle ne l'apprendrait qu'à la fin. Lorsque je gagnerai ! Après avoir battues mes soeurs d'armes et m'être découverte de ce casque en fer, Hippolyte me fit un dernier test : renvoyer une balle provenant d'une des armes de l'homme. Entraînée depuis si longtemps, ce ne fut que du gâteau. La balle se planta sur mes bracelets, s'écrasa comme un poing sur une figure mais il tomba à terre, en poussière, alors que le bracelet restait intact. Et moi de même.

"Jeune" et naïve. Nouvelle. J'étais un bébé découvrant ce monde. Pourtant mise en garde par ma mère, lorsque j'ai reçu le Lasso de la Vérité, j'étais innocente. Un chaton. Un chiot. Emerveillée par la moindre chose. Le moindre détail. Jusqu'à ce qu'on m'emprisonne. Menottes aux poignets puis coincée derrière des barreaux. J'étais bloquée, enfermée... Quand des animaux apparurent, des envoyés des Dieux. Des messagers qui m'offrirent des dons, de leur part. Pour m'aider, pour me permettre d'avancer dans ce monde, qui n'est pas si beau et impressionnant que je ne le pensais. La preuve, en sortant de cette prison après que l'on ait parlé sur moi, sur le fait que j'étais une étrangère, un attentat. Une attaque terroriste. Un acte de barbarie pure. Que j'ai stoppé. De mes nouveaux pouvoirs et armée de mon épée et de mon bouclier, je les ai mis à terre. Je leur ai fait mordre la poussière. Depuis ce jour, depuis cette première action en tant que "héroïne", j'étais devenue Wonder Woman. A partir de ce jour, je me mettais à défendre les plus faibles, ayant toujours cet espoir en l'Homme. Oh, je me rendais bien compte de sa vilénie, de la cruauté de certains... J'avais même failli rendre les armes, retourner à Themyscira... Les laisser se débrouiller, abandonner puis j'ai réalisé que certains valaient la peine de se battre. Ils n'étaient pas tous mauvais. ni tous bons. C'est ça, l'humanité. Un équilibre entre les deux.

Durant des années, j'ai travaillé pour l'armée américaine. J'ai même été une diplomate, l'ambassadrice de Themyscira, faisant le lien entre l'île du Paradis et la Terre des Hommes. J'ai agi sous le nom de Wonder Woman en autre temps. Je m'étais faite à cette vie, à ces "méchants"... A force d'en trouver, un plus puissant me tomba dessus. Enfin, nous. A Metropolis, une attaque de sbires d'un certain Darkseid avait mis le chaos. Nous avons été plusieurs à nous retrouver à cet endroit au même moment. Face aux minions, nous avons été victorieux mais leur maître nous mit à terre en un rien de temps. Un sale coup. Un échec des plus redoutables, moi qui n'avais pas encore trouvé d'ennemis "récalcitrants"... Puis une autre bataille. Une revanche. Un travail d'équipe. Le premier combat où nous nous allions réellement. Le premier d'une longue série. Celui d'une organisation : la Justice League.

J'assistais à la plupart des missions, chacun ayant des intérêts personnels dans la plupart d'entre elles. Presque chacun à notre tour... Le mien barra d'un trait une grande partie de ma vie. M'empêcha de rester ambassadrice de mon peuple... En rentrant, en revenant sur l'île, j'avais trouvé mes soeurs, mes anciennes partenaires d'entraînement, ma mère, ma tante... Toutes. Toutes étaient pétrifiées. Transformées en pierre. Aucun moyen n'était connu pour leur rendre la vie. Les défaire de cette prison... Puis il apparut, Faustus. Il s'amusa de ma détresse, joua avec les mots et m'obligea à partir en quête d'objets. De reliques dispersées aux quatre coins du monde. Si je ne le faisais pas, toutes les Amazones resteraient dans cet état... J'ai hésité. J'ai senti le poids du choix dans ma poitrine, mon estomac s'affaissant sous la taille des risques que cela importait... Mais un regard... Un seul pour Hippolyte. Puis pour Antiope... J'ai accepté. J'ai cherché les artéfacts. D'abord seule. Puis en compagnie de certains de la Justice League. Batman nous apprenait que c'était pour ouvrir une porte vers le Tartare mais je m'en fichais. Je voulais sauver ma famille. Ma mère. Ma tante. Ces femmes qui avaient été mes seuls piliers durant ces longues années, ces millénaires de solitude sur cette île... Même si j'avais été moquée pour mes origines par certaines, elles étaient ma "famille".

Bien entendu, un combat eut lieu. Alors que la clé avait été créée à partir des artéfacts, qu'un portail s'ouvrait, découpait l'air pour permettre à Tartare de s'ouvrir au monde des Hommes... Faustus retenait ma mère. Hadès était arrivé. Ainsi qu'une armée de mort-vivants à ses ordres. De quoi tous nous occuper. Des coups d'épée, des coups de poings, certains partaient en fumée, d'autres finissaient en poussières et le restant n'était que des morceaux d'os éparpillés sur le sol, seule trace de leur existence... Epée... puis bouclier... Coup de poing lorsque le bouclier resta planté dans des os... J'avançais, je me faisais un chemin... Pour sauver ma mère, récupérer la clé... Fermer cette porte des Enfers... Hadès tenta de voler Hippolyte, qu'elle finisse en Enfers avec elle mais j'ai su la sauver, cette fois. Je l'ai agrippée de toute ma force. Je me suis tenue à elle, ne supportant pas la simple idée de la voir se faire aspirer par ce trou, ce puits menant aux terres de Désolation du Dieu des Enfers...

La porte fermée, Faustus et Hadès en Enfers, j'avais serré ma mère dans mes bras. Puis ma tante. Mais alors que je tenais Antiope, que je comprenais que j'avais réussi, que j'avais su les sauver, les mots d'Hippolyte tombèrent. M'achevèrent. Me frappèrent en plein coeur. Déchirants, ils annonçaient mon exil. Ma présence, désormais intolérable sur la terre qui m'avait vue naître. Qui m'avait créée... Tout ça parce que j'avais fait venir des hommes, des êtres interdits sur ce sol... Oh, Steve avait été une exception car il était tombé et on s'en était occupé... Mais là... là, j'avais mené ces êtres jusqu'ici, je les avais accepté... J'ai accepté ma sentence... Je suis partie la tête haute, bien qu'encore à l'heure actuelle, cette décision me pèse...

Même si cela n'avait pas empêché ma mère de s'occuper de ma vie. D'y prendre une grande importance, malgré mon exil. Suite à une vision, où elle avait vu Wonder Woman mourir, elle m'obligea à rendre "mon titre". Un nouveau tournoi se fit, contre mon gré. De toute façon, je ne pouvais retourner sur l'île. Alors, je me retrouvais avec une "remplaçante". Oh, j'ai continué à faire de petites missions en dehors mais elle était devenue Wonder Woman. Cette "Artemis". Pas la Déesse de la chasse, mais une femme parmi tant d'autres. Une amazone venue d'Egypte. J'observais ses faits et gestes de loin. J'entendais les gens qui la méprisaient. Qui ne l'aimaient pas. Le peuple ne voulait pas d'elle, son attitude bien trop violente. Tandis que je cherchais en général une voie diplomatique et ne tuait que les "gros" ennemis, elle, elle faisait un carnage. Le sang était versé à chacun des combats... Batman refusa même qu'elle prenne place - ma place - durant les réunions de la Justice League. Puis, peut-être avais-je apprécié, je lui ai fait comprendre que ses combats étaient truqués. Que les hommes qu'elle combattait, jouaient un rôle. Que rien était vrai. Oh, je m'en suis voulue... J'ai eu un poids sur la conscience. Dans l'estomac. Car elle se fit tuée. Enragée, l'Amazone égyptienne affronta l'homme derrière ces faux combats... Et il la tua. Wonder Woman était morte. Comme ma mère l'avait vu. Sauf que ce n'était pas moi. C'était cette pauvre femme... Qui n'avait pas demandé cela...

Ironiquement. J'avais bien failli mourir. Plus tard, alors que la Justice League s'était agrandie à un point inimaginable, en mission avec Batman - dont j'avais appris la réelle identité -, nous avons rencontré Circé, une grande sorcière. Qui trouva "marrant" de me transformer en cochon. En cochon ! En plus d'être dans la forme la plus inconfortable possible, de ne pas pouvoir discuter avec les autres comme je le pouvais et que Zatanna ne semblait pas réussir à me rendre une apparence normale, j'avais bien failli finir en jambon... Des bouchers m'ont attrapée et, si Bruce n'avait pas conclu un pacte avec Circé, me permettant de récupérer ce corps de femme, je suis sûre que j'aurai été des petites côtes pour le dîner. Une mort qui n'aurait rien eu d'héroïque pour une Amazone... Autant dire que j'aime taire cet épisode et je préfère raconter d'autres exploits. Même d'autres défaites.

Puis récemment, des héros ainsi que des vilains ont disparu. Dont Superman. C'était lors d'un combat. Nous avions arrêté l'ennemi après l'étrange disparition de notre ami et coéquipier. Accompagnée de Batman, nous avons décidé de mener notre propre enquête, de chercher où était passer l'homme le plus fort de l'univers. J'avais l'impression que nous tournions en rond. La magie n'était d'aucun secours, ainsi que la technologie et même les Dieux semblaient sourds à mes prières et à mes demandes d'aide. Puis... Trou noir.


Seule. Seule... Dans une ville inconnue... Oh, elle ressemble à plusieurs villes que je connaissais. Les bâtiments étaient différents. J'ai l'impression de croiser des civils déjà vus auparavant, des inconnus... Je ne sais pas où je suis. Je ne suis plus chez moi, me murmure une voix dans ma tête. Je titube en me relevant, assommée par ce changement si brutal. Je souffle, je passe les mains dans mes cheveux... je prends quelques secondes, un peu de temps pour me reprendre... Je tangue, je me remets doucement... Je ferme les yeux. Inspire... Expire... Doucement... Lentement... Plusieurs fois. Puis je les rouvre. Déterminée. Sûre de moi. Je sais ce que je dois faire. Je vais le faire. Je ne laisserai pas je-ne-sais-quel imbécile s'amuser avec moi !

Par Arès, qui que tu sois, cache-toi ! Cours ! Car Diana Prince, princesse bannie de Themyscira, n'est pas du genre à abandonner une traque !